L'ODYSSÉE DE CHARLES LINDBERGH

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Réalisé entre Sept ans de réflexion et Ariane, L’odyssée de Charles Lindbergh fait figure de parenthèse dans la filmographie de Billy Wilder, mais il suffit de voir le film pour balayer tous les préjugés et constater que, dans le genre aujourd’hui très fréquenté du biopic, c’est un modèle d’inventivité. Effectivement loin de s’en tenir à une illustration chronologique conventionnelle, le cinéaste définit d’abord un cadre qu’il limite précisément à l’événement qui a rendu Lindberg célèbre, soit la traversée de l’Atlantique. Puis,  avec une habileté diabolique, Wilder tourne à son avantage les difficultés du sujet qui consiste à filmer un même personnage, enfermé pendant quarante heures dans un espace réduit. En fait, les astuces utilisées par l’aviateur pour rester éveillé deviennent des solutions cinématographiques pour Billy  Wilder. A un moment, pour casser la monotonie de la narration en voix off, il met en scène une conversation entre le pilote et une mouche !  Autrement, Wilder trouve des raisons d’évoquer en flashbacks le passé du personnage interprété par James Stewart qui, bien que trop âgé pour le rôle, s’en tire avec humour et justesse.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE AVIATOR ou encore L'ÉTOFFE DES HÉROS .

Dans Conversations avec Billy Wilder , le livre d’entretiens que lui a consacré  Cameron Crowe, le cinéaste raconte que c’est lui-même qui a proposé à la Warner de tourner la traversée de l’Atlantique par Charles Lindbergh. Il était ami avec l’aviateur, et espérait en savoir un peu plus sur sa personnalité afin de s’en servir pour le projet, mais Lindbergh était comme un mur : il y avait pas mal de sujets sur lesquels il ne voulait tout simplement pas parler. Wilder s’est donc inspiré du livre autobiographique de Lindbergh, qui contenait déjà  tout ce qu’il fallait montrer et  évitait tout le reste.  Wilder avait tacitement convenu qu’il fallait s’en tenir à l’exploit de Lindbergh et passer sous silence le kidnapping de son fils et ses difficultés consécutives.

Billy Wilder s’était beaucoup documenté par ailleurs, et un de ses plus grands regrets est de n’avoir pas pu utiliser une anecdote qui aurait fait une excellente conclusion.  Wilder avait appris par des reporters que Lindbergh avait eu une liaison avec une serveuse de restaurant la nuit précédent son exploit. A la fin de l’histoire, Wilder aurait voulu montrer la fille dans la foule qui acueillait triomphalement le héros à son arrivée à New York. Elle lui aurait fait un signe, mais il ne l’aurait pas reconnue parmi les milliers de gens. Wilder savait qu’il ne pouvait même pas suggérer cette idée aux producteurs.

Charles Lindbergh avait 25 ans lorsqu’il a traversé l’Atlantique, mais James Stewart qui l’incarne, en avait 47 à l’époque du film. 8 ans après L’odyssée de Charles Lindbergh, l’acteur jouera  à nouveau un aviateur dans Le vol du Phénix de Robert Aldrich,  cette fois dans une situation qui est quasiment l’exact opposé. Chez Wilder, il joue un pilote qui passe toute la durée du film dans son avion en attendant avec impatience le moment où il atterrira,  alors que chez Robert Aldrich, son avion se pose en catastrophe dans le désert au début du film, et il attend avec impatience le moment où il pourra redécoller.

On pourrait séparer la filmographie de Billy Wilder en deux blocs distincts, avec, d’un côté, des drames cyniques et noirs, et, de l’autre, des comédies (souvent romantiques) elles-mêmes un brin cynique. Ce serait, en tout cas, une première façon très grossière de ...

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