LA KERMESSE DES AIGLES

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Quel bonheur de redécouvrir ce film. Sa fraîcheur est intacte. Il le doit autant au réalisme de ses scènes aériennes qu’à l’enthousiasme qui habite chacun de ses personnages, à commencer par celui de l’aviateur Waldo Pepper tenu par Robert Redford alors âgé de 29 ans seulement. Il s’agit du troisième long métrage tourné par l’acteur sous la direction de George Roy Hill, après Butch Cassidy et le Kid (1969) et L’Arnaque (1973). Mais il s’agît aussi du seul tourné par Redford sans son ami Paul Newman. L’histoire se déroule au milieu des années 20 alors que l’aviation civile a le vent en poupe.

La mode est aux cirques volants où des pilotes téméraires soumettent leurs biplans aux acrobaties les plus extrêmes. L’un d’eux, Waldo Pepper, vivote en offrant des baptêmes de l’air au gré des villages du Texas où il se pose. Passionné par la voltige, Waldo s’invente à l’occasion un passé de guerre prestigieux et voue une admiration sans borne pour un aviateur allemand qu’il prétend avoir combattu. Un jour, sur le tournage d’un film de guerre dont il assure les cascades, il rencontre enfin son idole. Sa vie de frustrations va tout à coup revêtir un sens.  

Le film propose une succession de scènes d’action et de comédie entre lesquelles le drame régulièrement s’invite pour donner à l’ensemble un souffle irrésistible, joliment ponctué par la partition signée Henry Mancini. Les séquences aériennes réalisées sans trucage sont à couper le souffle. Dans son autobiographie, George Roy Hill assurait que nombre d’entre elles avaient conduit ses acteurs et notamment Robert Redford à assurer certaines cascades. Le réalisateur souhaitait que sa star ressente ce que lui avait ressenti dans sa jeunesse en pilotant ce genre de biplan durant la guerre. Redford a effectivement dû être servi. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'AS DES AS (Parce que Bébel interprète lui aussi un pilote vétéran de 14-18, champion de boxe de surcroit. 20 ans plus tard, notre héros se retrouve aux prises avec Hitler et ses sbires.) ou encore LA RONDE DE L'AUBE (Pour retrouver l'univers des foires aériennes, qui sert ici de cadre à un drame poignant, adapté d'un roman de William Faulkner.).

Comme souvent chez George Roy Hill, le cinéma est une manière de déconstruire la notion de “rêve américain”. Waldo Pepper a la naïveté de ses vingt ans, mais c’est quelqu’un qui rêve sa vie, qui ment et se ment le plus souvent essayant d’échapper à sa médiocrité jusqu’à se soumettre la volonté de marchands qui à l’époque ont décidé de faire de l’aviation un objet de spectacle. C’est aussi cette lecture politique qui a séduit Robert Redford et l’a conduit par trois fois devant la caméra de George Roy Hill. En 2018, dans une interview à Première, l’acteur confiait avoir été bercé avec les histoires qui “vantaient la grandeur” de son pays. “Cependant, j’ai très vite compris que tout cela n’était que mensonges C’est pour cette raison que j’ai voulu interpréter ou mettre en scène des histoires sur l’hypocrisie, les illusions, le mensonge”.  

La Kermesse des Aigles est sans doute le film le plus personnel de George Roy Hill. Né le 20 décembre 1921 à Minneapolis, il se passionnait dès son plus jeune âge pour l'aviation, décrochant à 17 ans son brevet de pilote, ce qui le conduisait peu après à servir son pays durant la Seconde Guerre comme instructeur, puis comme pilote de transport, avant d’opérer comme pilote de chasse durant la Guerre de Corée. C’est donc tout naturellement, depuis les airs, que le cinéaste a lui-même dirigé les scènes les plus spectaculaires de sa Kermesse.  

Le personnage d'Ernst Kessler est inspiré de l'as allemand de la Première Guerre mondiale Ernst Udet qui, dans l'entre-deux-guerres, vécut aux États-Unis où ses démonstrations de voltige aérienne attiraient un large public. L’épisode que s’approprie Waldo Pepper, lorsqu’il raconte avoir été épargné par Kessler durant un combat, s’appuie sur des faits réels survenus en 1917. Mais à l’époque c’est Ernst Udet qui raconta avoir été gracié par le célèbre pilote français Georges Guynemer durant un combat de haut vol. 

Ce n'est pas le film le plus connu dans la filmo de Robert Redford, mais pourtant il vaut largement le détour. Passionné d'aviation et lui-même pilote, le réalisateur George Roy Hill reprochait aux productions sur les exploits aériens et aux films de guerre sur l'aviation ...

Film un peu oublié de George Roy Hill, qui mérite pourtant sa place au panthéon des films hollywoodiens sur l'histoire de l'aviation. Des séquences en vol tournées en prise de vue réelles, ça fait tout simplement rêver le spectateur actuel lassé de l'abus de trucage numérique. ...

Tout comme William Wellman, George Roy Hill fut un passionné d'aviation, et, tout comme Escadrille Lafayette pour le premier, a voulu faire à tout prix son film avec des avions. Ce qu'il arrivera à faire facilement après le carton de L'arnaque et la présence de Robert Redford. Celui-ci ...