LA MARGINALE

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A priori, avec un titre tel que La marginale, il y a de quoi s'attendre à un portrait de femme laissée en dehors de la société. Frank Cimière élargit pour autant le spectre de sa comédie à une vision plus globale, en organisant la rencontre entre deux déclassés, Michèle un SDF et Théo, un employé de l'aéroport dont elle squatte les halls, atteint lui d'un handicap mental. Cimière en fait des compagnons d'infortune et de route.

Avec eux, La marginale veut mettre en lumière une catégorie quasi-invisible, ces personnes rejetées par une société qui les considère inaptes à vivre selon ses codes. Cimière les voit avant tout comme des êtres cabossés par la vie, qui vont trouver dans une relation mère-fils de substitutions, un nouvel essor.

Cimière ajoutant à ces personnages peu courants dans le cinéma français, un autre écart, en les projetant sur d'autres chemins de traverse pour rejoindre Lisbonne, La marginale préférant aller sur les nationales que sur des autoroutes, ou prendre le temps d'une épopée à vitesse réduite dans une voiture sans permis, pour laisser le temps à ce duo de se découvrir, composer leur propre code de la route. Un ton singulier rendant ce voyage en douce particulièrement attachant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA TETE EN FRICHE (Comme La marginale, La tête en Friche s'attache à la rencontre entre deux déclassés, une vieille dame et un adulte illettré.) ou encore LE 8E JOUR (le tandem Daniel Auteuil/Pascal Duquenne en duo handicapé mental/ handicapé affectif est à rapprocher de celui de La marginale.).

Comme souvent, il y a au départ de La marginale, un fait divers improbable :  en décembre 2018, un SDF qui vivait à l'aéroport de Roissy s'était retrouvé dans le local de transporteur de fonds, d'où il avait pu subtiliser un sac contenant près de 500.000 €, au nez et à la barbe de tous, avant d'être interpellé quelques jours plus tard, sans un sou sur lui. La scénariste Eurydice Da Silva imaginera qu'il utilise cet argent pour aller rejoindre son fils, avant d'en faire un personnage féminin, accompagné par un jeune trisomique. Séduit par cette base Frank Cimière y voit le motif d'une comédie autour de ce mariage de la carpe et du lapin, mais plus encore la réunion de deux rejetés, plus proches qu’il n’y parait quand ils sont en souffrance, d'un handicap mental pour l'un, affectif pour l'autre. Le principe du road-movie se fera évident pour accompagner leur trajectoire.

Cimière tenait pour autant à un certain réalisme des situations ou dans la caractérisation de Michèle et Théo, ne devant pas avoir une relation basée sur l'apitoiement ni sombrer dans l'excès de bons sentiments. Il y parviendra par ses choix de casting. Corinne Masiero, qui a elle-même été SDF, nourrira La marginale de son expérience de vie dans la rue, où l'empathie n'est pas monnaie courante. L'actrice se fera aussi consultante de Cimière, apportant de nombreux détails réalistes au film.

Pour Théo, le réalisateur sondera la plupart des ESAT, ces structures aidant les handicapés à s'insérer professionnellement. Dans l'une d'elles il fera la connaissance de Vincent Chalamet, pensionnaire d'une compagnie de théâtre. Le courant passera tout autant entre lui et Masiero, qui avait déjà travaillé avec des troupes de théâtre de rue incluant des handicapés. L'approche respective de techniques de jeu très instinctive comme de leurs propres parcours de vie hors normes renforcera le fonds d'un film s'attaquant au travers d'une société validiste, ayant toujours moins de considération pour ces exclus.

que dire que dire....Bon déjà je trouve que l'intention du film est quand même intéressante, parler de personnes très marginalisées dans notre société aux carcans étroits et figés de normes et de cases, c'est osé et c'est pour moi une bonne idée. Ici on ...