LA NUIT DU VERRE D'EAU

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Voilà un film très touchant sur l’émancipation des femmes. Il date de 2023 mais il relate des faits qui se sont produits à une époque où le sujet n’était pas encore d’actualité ni même discuté : 1958... Nous sommes au Liban, dans une société très largement dominée par les hommes, où trois sœurs issues de la bourgeoisie vont voir leurs vacances perturbées par l’arrivée de deux touristes français, mais aussi par la rumeur encore lointaine d’une possible révolution...  

Carlos Chahine dresse avec « La nuit du verre d’eau » le portrait d’une société frémissante, tendue vers l’espoir de lendemains meilleurs, s’imaginant un possible destin loin des lignes toutes tracées du patriarcat. Le réalisateur, lui-même chassé de son propre pays lors de la guerre de 1975, n’a redécouvert le Liban que des années plus tard, se replongeant dans ses racines et sa culture comme on goûte à nouveau aux délices des paradis perdus.  

Il en tire une œuvre nostalgique et tendre qui touche tous les publics, quelles que soient nos origines... 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CARAMEL (Réunissez des femmes libanaises dans un même lieu, laissez infuser leurs réflexions sur la vie, l'amour, le couple et la société !) ou encore LA SOURCE DES FEMMES (Quand les femmes du Maghreb ou du Moyen-Orient décident soudainement de prendre leur destinée en main...).

Le Liban semble frappé par une terrible malédiction... Ce pays longtemps présente comme « la Suisse du Proche Orient » est le théâtre depuis cinq décennies de conflits et de crises à répétitions qui mêlent religion, enjeux géo-politiques et crises économiques. Dans cet immense gâchis, le cinéma essaye tant bien que mal de suivre les aléas de l’Histoire pour nous conter celle d’un pays martyr. L’industrie locale du 7e art survit à sa manière, après des années 60 et 70 florissantes, marquées par les films de Borhane Alaouié ou Maroun Bagdadi. Ensuite, c’est bien souvent grâce aux capitaux étrangers que les réalisateurs et réalisatrices libanais ont trouvé le moyen de poursuivre leur œuvre. Nadine Labaki récemment mais aussi Philippe Aractingi, Randa Chahal Sabbag, Josef Fares ou Danielle Arbid ont signé des œuvres fortes, habituées de festival du monde entier...  

Le Liban dispose de villes et de paysages qui sont autant de décors de cinéma exceptionnels dont les productions internationales n’ont jamais hésité à s’emparer...pacifiquement quant à elles ! côté grand spectacle, « L’homme au pistolet d’or », le James Bond millésime de 1974, « Spy game » avec Robert Redford et Brad Pitt en 2001, « Syriana » avec George Clooney et Matt Damon ou « Greenland » avec Gerald Butler en 2020. Au rayon drame, signalons le bouleversant « Capharnaüm » de Nadine Labaki, (dont nous parlions à l’instant), Prix du Jury à Cannes en 2018 qui suivait les pas d’un gamin des rues décidant d’attaquer ses parents en justice pour lui avoir donné la vie... Une œuvre sombre et solaire à la fois.  

Notez que l’animation s’est également intéressée à la destinée du peuple libanais : en 2008 dans le remarquable « Valse avec Bashir » d’Ari Folman revenant sur les fantômes de l’opération militaire « paix en Galilée » de 1982 à travers le traumatisme d’un soldat de l’époque. Puis en 2015 dans « Le prophète » du trio Tomm Moore, Roger Allers, Michal Socha dans lequel on reconnait clairement les symboles idylliques libanais, transfigurés sur les rivages de l’île fictionnelle d’Orphalese...  

Du Liban n’est pas seulement venue la bien-aimée biblique du Cantique des Cantiques, (« Veni, veni de Libanon… »), il nous arrive aussi de tels films, solaires, tout en étant intégralement placés sous le signe de la nuit, plus encore que le titre ne semble l’annoncer. ...

Premier long d'un acteur réalisateur libanais, dont j'avais beaucoup aimé, il y a déjà quelques années, le court métrage La route du Nord (vu dans une séance/compilation de courts métrages). C'est une chronique assez attachante de la vie d'un village libanais (chrétien) ...

De toutes ses sœurs qui vivaient ici, elle est la seule avec mari. À vingt-cinq ans à peine, Layla est mariée de force à Boutros depuis huit ans et est la mère du petit Charles, six ans, qui ne quitte jamais ses jupons. Ses sœurs cadettes, Nada et Eva, condamnées aux mêmes ...