LES AVENTURIERS

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Pour les préados de ma génération, Les Aventuriers représentait l’archétype du « film du dimanche soir » : un spectacle tous publics sur fond de chasse au trésor, un scénario truffé de péripéties, Fort Boyard pour décor exotique plein de mystère à l’époque, et puis deux têtes d’affiche (Lino Ventura et Alain Delon) et enfin une mystérieuse et frêle petite actrice anglaise de 23 ans, qui ajoutait un peu de douceur à cette histoire de brutes, j’ai nommé Joanna Shimkus. 

Derrière la caméra, on trouvait Robert Enrico, un ancien diplômé de l’IDHEC, qui avait remporté l’Oscar du meilleur court-métrage de fiction en 1964 pour La rivière du hibou. Son cinéma était populaire, dans le bon sens du terme et riche comme vous le verrez en morceaux de bravoure, comme c’était le cas dans Les grandes gueules sorti en 1965, avec déjà Lino Ventura et André Bourvil dans un rôle à contre-emploi. Deux ans avant Les aventuriers, il s’agissait déjà d’une « histoire d’hommes » confrontés à leur destin en suspens. 

Ventura, qui sortait d’un long cycle gagnant de comédies, sous la direction de Georges Lautner et Henri Verneuil, cherchait à creuser son sillon dans le film d’aventures. Robert Enrico devenait son homme providentiel et ensemble ils s’offriraient même une troisième collaboration en 1971 sur Boulevard du Rhum. Alain Delon, sortait quant à lui d’une parenthèse américaine de trois films, dont Texas nous voilà ! un très curieux western parodique. Malgré son amitié pour Ventura, Delon exigeait d’avoir autant de plans que lui dans le film ce qui à la vue du résultat, vous en conviendrez, n’était pas un scandale.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES SPÉCIALISTES (1985) (Patrice Leconte a révélé que son buddy movie lui avait été inspiré par Les Aventuriers.) ou encore 600 KILOS D'OR PUR (2010) (Réalisé par Eric Besnard, la fièvre de l'or pousse ici aussi un groupe d'aventuriers à prendre tous les risques...).

Avant de devenir le décor d’un jeu télévisé bien connu, Fort Boyard servit donc au film que vous venez de découvrir. Fascinante est l’histoire de ce bâtiment, ancienne propriété de la Marine Française qui à l’époque du tournage en septembre 1966 appartenait à un dentiste belge qui en avait fait l’acquisition pour 28 000 francs de l’époque ! Robert Enrico en fit une sorte de vaisseau fantôme et investit le lieu pendant deux semaines de tournage pendant lesquelles il dut essuyer une tempête qui obligea à rapatrier l’équipe en hélicoptère vers le continent. C’est en découvrant le film que le producteur Jacques Antoine eut l’idée d’en faire le lieu des opérations de son émission-jeu, dont la création remonte à 1990.  

Le scénario des Aventuriers est signé José Giovanni et fut inspiré d’un des nombreux romans que cet ancien truand d’origine corse vit porté au cinéma. On lui doit entre autres Le deuxième souffle, Classe tout risque, ou encore Deux hommes dans la ville qu’il réaliserait lui-même. Une mine inépuisable donc, Giovanni s’étant invariablement inspiré de ses nombreux faits d’arme comme ancien repris de justice, « le passé ne pouvant s’oublier et revenant toujours à un moment ou à un autre » aimait-il à rappeler. Robert Enrico, qui avait déjà fait appel à lui pour Les grandes gueules, n’aimait pas la partie centrale de son roman où une femme kidnappée est délivré de façon chevaleresque par l’un de ses héros. Aucun problème pour Giovanni qui obtenait par contrat de pouvoir utiliser ce segment pour le film qu’il préparait alors au même moment comme réalisateur et qui deviendrait La loi du survivant, sorti la même année. Les deux hommes retravailleraient une fois encore ensemble en 1968 sur le scénario de Ho ! écrit pour Jean-Paul Belmondo et Joanna Shimkus.

Ancien mannequin, l’actrice britannique bénéficiait dans les années soixante d’une vraie cote de popularité, grâce notamment à Robert Enrico qui en fit son actrice-fétiche l’espace de trois films. En 1968 elle devint prophète en son pays, au générique de Boom de Joseph Losey, encadrée par le couple Taylor et Burton. L’année suivante sur le plateau de The lost man elle rencontrait Sydney Poitier avec qui elle était toujours mariée en 2017. 

Robert Enrico emprunte le sujet à un roman de José Giovanni mais n'en conserve que certains épisodes et remplace le rôle d'un homme par une femme, d'où le personnage féminin qui fait équipe avec Delon et Ventura. L'intrigue est peu originale, mais Enrico sait organiser les ...

Robert Enrico est une valeur sûre du cinéma français des années 50 à 80. Entre autres, il a mis en scène plusieurs romans de José Giovanni ; ma découverte assez tardive de ce film fait que je n'ai pas lu le roman éponyme de Giovanni. Il me reste à le trouver ... Si j'ai ...

(Pas un texte mais des notes éparses après revisionnage). En gros, un passionné de moteurs, un passionné d'avions et une passionnée de sculpture tombent sur une carte aux trésors. Un film sur la passion dans son travail, sur les hobbies, les lubies, les beaux rêves éveillés, ...