LES COMPAGNONS DE LA MARGUERITE

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Après l’échec de la Bourse et la vie avec Fernandel, réalisé en couleurs pour la Columbia, Mocky revient au noir et blanc avec Les Compagnons de la marguerite, rompt avec le bizarre et l’excessif pour un scénario logique mais totalement irrationnel. Il dépeint un monde déséquilibré et poétique, avec une certaine insolence et un goût du féroce. Toutes les institutions de la police, de l’administration, de la télévision, de la magistrature sont brocardées avec une drôlerie constante, assaisonnées au vitriol, ce qui n’est pas sans rappeler l’univers de Jacques Prévert, Raymond Queneau, Eugène Ionesco ou Marcel Aymé.

Les Compagnons de la marguerite est une fable à l’humour grinçant, qui cloue au pilori  le mariage. La caricature employée par Mocky offre des situations inattendues, des rebondissements burlesques. C’est un cinéma qui prend pour mot d’ordre la formule du héros interprété par Claude Rich  et ses comparses: « Faut que tout saute, qu’on en finisse avec les entraves de toutes sortes qui entravent l’individu ».

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE PIGEON ou encore UN MARIAGE À BOSTON .

Par son originalité, le film est une exception dans le paysage du cinéma français du milieu des années soixante. Où situer Les Compagnons de la marguerite à côté de La Guerre est finie, exercice de style politique d’Alain Resnais, d’Un homme et une femme, roman-photo sentimental de Claude Lelouch, des Demoiselles de Rochefort, comédie musicale colorée de Jacques Demy ou du Deuxième souffle, film policier sobre et ténébreux de Jean-Pierre Melville ? En marge, forcément. Le cinéma de Jean-Pierre Mocky demeure inclassable.

Pour ce film Mocky s’est associé à Henri Diamant-Berger, vieux routier du cinéma d’avant-guerre, mais aussi à plusieurs collaborateurs, techniciens et comédiens du cinéma français dit classique, notamment Léonce-Henry Burel, le chef opérateur d’Abel Gance sur Napoléon ou la monteuse Marguerite Renoir. En s’appuyant sur ces professionnels de la précédente génération, le tournage des Compagnons de la marguerite s’est effectué en quatre semaines, dans des décors reconstitués puisque la plupart des mairies n’avaient pas accepté de prêter leurs locaux.

Enfin, le film doit beaucoup aux comédiens : Claude Rich, acteur de théâtre habituellement mal employé trouve ici un vrai rôle au cinéma, Roland Dubillard, auteur et acteur dramatique de grand talent apparaît dans ce film pour la première fois et Paola Pitagora, comédienne italienne qui a été découverte dans Les poings dans les proches de Marco Bellochio et qui sera l’année suivante dans Caroline Chérie de Denys de la Patellière. Enfin, tous les autres personnages de la distribution, jusqu’aux petits rôles sont exemplaires. Francis Blanche n’a jamais été plus vrai, plus caricatural et humain à la fois que dans les films de Mocky ou l’univers entier est pris au filet de la folie et du saugrenu.

Pour celui ou celle qui n'a jamais connu du metteur en scène Jean-Pierre Mocky que ses propos désabusés sur le cinéma qui fout le camp, ou l'épisode Le parapluie de Cherbourg de Strip-tease où on découvre ses coups de gueule contre les deux abrutis qui traversent ...

août 2012: Jean-Pierre Mocky est un mystère. Cela fait plus de 20 ans que je loue son œuvre sans parvenir à savoir pourquoi, ni à formuler un début de commencement d'argument en faveur d'une éventuelle explication. Ce cinéma de funambule danse dangereusement sur un fil ...

Si cette comédie ne déclenche pas de grosse rigolade elle met de bonne humeur, la farce est énorme mais fonctionne parfaitement grâce à une brochette d'acteurs qui jouent parfaitement le jeu : Clauide Rich est étonnant, un brin lunaire, Blanche fait du Blanche mais il le ...