LOVE LIFE

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On connaissait le concept de famille recomposée, voici celui de la famille décomposée ! Le réalisateur japonais Kōji Fukada signe avec « Love life » une œuvre rude et lacrymale dans laquelle chacun semble avoir le plus grand mal à trouver sa place et à dire les choses. C’est le cas de Taeko et de son fils Keita, remariée à Jiro.  

Quand l’ancienne fiancée de celui-ci refait surface ainsi que le père biologique de son enfant, le fragile édifice sur lequel la jeune femme a cru bâtir sa nouvelle vie s’effondre soudain, emportant tout sur son passage, d’autant qu’un terrible drame va venir remuer en profondeur ce tas de ruines...  

Présenté dans de nombreux festivals en 2022, (Venise, Toronto, Busan entre autres), le film frappe par la profondeur du drame qu’il raconte, noirceur paradoxalement sublimée par la mise en scène toute en précision et élégance de Fukada, connu et reconnu pour ses films précédents comme « Hospitalité », « Au revoir l’été » et « Harmonium » notamment... 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NOBODY KNOWS (Le cinéma nippon aime à se pencher sur les méandres des relations familiales : en voici deux beaux exemples...) ou encore WHAT MAISIE KNEW (Recomposer une famille, c'est souvent composer avec un passé par toujours très limpide...).

Traiter de la mort d’un enfant n’est jamais chose aisée au cinéma. Si l’actualité malheureusement nous rappelle régulièrement cette cruauté de l’existence, il faut avec la fiction prendre garde à ne pas rebuter le spectateur. Dans « Love life » vous l’avez vu, Kōji Fukada  

parvient à dépasser la tragédie pour en faire un ressort de la suite de son récit. Il s’agit ici d’un déclencheur plus que de l’axe principal du scénario... Le cinéma japonais s’est déjà intéressé à cette thématique dans « Still walking » de Kore Eda en 2008 où une famille se retrouve quinze ans après la noyade du frère aîné, constatant que la plaie ne se refermera sans doute jamais.  

Dans « La chambre du fils » en 2001, l’italien Nanni Moretti exorcise sa propre angoisse de voir son garçon quitter le cocon familial en sacrifiant, à l’écran, celui de son héros. Palme d’Or à Cannes cette année-là, le film fait partie de ces mélodrames qui vous marquent longtemps. Deux ans auparavant, Pedro Almodovar imagine lui avec « Tout sur ma mère » une femme partant à la recherche du père de son fils, mortellement renversé par une voiture à la sortie d’un théâtre. Comment surmonter une perte insupportable ? De quelle manière se relever et continuer encore ? Cecilia Roth campe cette maman courage, performance saluée jusqu’aux Oscars avec le trophée du meilleur film étranger...  

Au-delà de l’émotion pure du mélo, signalons aussi que la science-fiction peut permettre d’aborder cette thématique sensible. Dans « Premier contact » de Denis Villeneuve en 2016, Amy Adams joue le rôle d’une experte en linguistique, recrutée par l’armée américaine pour établir la communication avec les aliens en forme de poulpes dont douze gigantesques vaisseaux viennent d’apparaitre à la surface de la Terre. Dans ses recherches, le docteur Louise Banks devra faire face au drame de la mort de son propre enfant, peut-être l’une des clefs de sa communication avec les créatures venues du fin fond de l’univers... 

On ne sait ce qu'il faut admirer le plus dans Love Life, le dernier opus (majeur) de Kôji Fukada : la dentelle de son écriture ou la splendeur de sa mise en scène ? Les deux, évidemment, dans ce film qui fait ressentir de façon si poignante l'impression de perte, que ...

Le deuil fait partie de ses sujets sensibles qu'il n'est pas toujours facile d'aborder au cinéma, que ce soit en tant qu'"auteur", acteur ou même spectateur. Toutes émotions qui en découlent, la colère, la tristesse, les remords, la culpabilité et ...

Alerte : Surtout laissez aux autres spectateur.rice.s la surprise de ce magistral film. Elle est d'une telle force émotionnelle qu'elle bouleverse toute la lecture de Love Life. Il incombe ainsi que chacun.e vive cette expérience comme elle vient et comme elle est, sans ...