SHOWING UP

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A quelques jours d’une exposition, une sculptrice n’a pas la tête à ça. Son voisinage, ses soucis ménagers, ses collègues s’ingénient à lui perturber la sérénité nécessaire avant un grand évènement. 

L’art et le quotidien, l’état de mortel et la prétention à l’immortalité sont au cœur d’une chronique aigre-douce signée Kelly Reichardt. Pour une fois plutôt urbaine (nous sommes à Portland dans l'Oregon), la cinéaste déambule dans un monde d’affres qu’elle connait bien. 

L’héroïne est brillamment - comme toujours - incarnée par une Michelle Williams qui a la grandeur de s’engloutir dans le rôle et lui prêter vie. Ça fait quoi d’être artiste et d’avoir des problèmes quotidiens ? Ça fait ça…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE SQUARE DE RUBEN ÖSTLUND (2017) (Une peinture acidulée des milieux de l'art contemporain et de la marchandisation des concepts artistiques, de la vente du vide et du snobisme des élites qui s'achètent une morale à bon compte.) ou encore CAMILLE CLAUDEL DE BRUNO NUYTTEN (1988) (On ose pas dire un "biopic", disons une évocation ou une réincarnation de la sculpteuse, broyée entre son maitre et amant Rodin (Depardieu) et sa famille conservatrice. Le film est une sublimation de l'artiste par une autre martyr de son art : Isabelle Adjani.).

Kelly Reichardt est en passe de devenir la tête de gondole d’un cinéma indépendant américain, bien loin en termes de budget (elle émarge sous le million de dollars) et de marketing de la marvelisation essoufflée d’Hollywood. Un signe : elle est la coqueluche des festivals et des critiques, en Europe singulièrement, ou le mot « auteur » plonge le cinéphile dans l’extase. 

On n'aura pas la vacuité de qualifier son cinéma d’ « exigeant » - comme si être à la tête d’un film de 100 millions de dollars rendait désinvolte … Mais on soulignera qu’à 59 ans, l’artiste, empruntant la clé des champs, s’attache à une Amérique plus ordinaire, déclassée, et, souvent, plus sympathique. Après neuf longs métrages de cinéma, qu’elle a pour la plupart écrits et montés, la cinéaste s’est taillé un outil à sa mesure, pour mieux décrire sa vision du monde.  

Michelle Williams, son alter ego -elles ont tourné quatre films ensemble (Wendy et Lucy/2008, La dernière piste/2010, Certaines femmes/2016 et Showing up) est la seule vedette d’une distribution luxuriante dans laquelle on retrouve avec plaisir (même dans un petit rôle) Amanda Plummer. Elle a appris les gestes de la sculpture auprès d’une amie de la réalisatrice, l’artiste Cynthia Lahti, dont l’atelier est à Portland et qui a été très associée à la production. Ce sont d’ailleurs ses œuvres qui « jouent » dans le film. Pour les distraits on rappellera que Michele Williams fréquente depuis plus de vingt ans des cinéastes comme Wenders, Ang Lee, Todd Haynes, Scorsese, et Spielberg. Du beau monde au balcon.

Dans un monde science-fiction où l'humanité a appris à dresser les chats à ne pas faire tomber par pure malice tout ce qui est posé sur une table, on suit une sculptrice interprétée par Michelle Williams (quatrième collaboration avec Kelly Reichardt) qui doit préparer ...

Après avoir poursuivi son regard sur l’amitié masculine dans un pays en voie de civilisation dans First Cow, Kelly Reichardt renoue avec Michelle Williams pour la quatrième fois, pour s’intéresser cette fois au monde des artistes contemporains. Il va de soi que de la part ...

Il faut d'abord reconnaître à Showing Up une qualité évidente, il montre réellement ce qu'est une artiste, et ne prend pas le chemin balisé de l'artiste maudit ou le génie qui fait des chef-d'oeuvre en un quart de seconde. Non, Showing Up ce n'est pas ça, Kelly Reichardt ...