THE CANYONS

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Ce n’est certes pas la première fois qu’Hollywood se regarde dans la glace et se trouve laide. De Sunset boulevard à The Player, en passant par Les Ensorcelés, les films sont nombreux qui fustigent les mœurs un rien putrides de La Mecque du cinéma. Mais rares sont ceux qui avaient été aussi loin que The Canyons. Il est vrai que le film de Schrader s’intéresse à un sous-genre un rien glauque, le porno.

Le film n’est pas pour autant flamboyant et baroque. Le réalisateur a choisi au contraire de mettre en scène des décors sans âme, des atmosphères où suintent l’ennui, la perversité froide, et le dégoût de soi. Les jeux auxquels se livrent les protagonistes ont beau faire la part belle à la nudité et aux joutes érotiques, le film ne titille guère la libido du spectateur.

Car crépusculaire, cynique, misanthrope, désespéré, il met en scène des personnages au bout du rouleau. Qui ne déparent pas du tout dans la galerie de monstres ordinaires que les films de Schrader abritent depuis longtemps. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE DOS AU MUR (Un mari jaloux essaye là aussi de piéger sa femme et son amant) ou encore GROS PLAN (C'est un film sur la perversité et la manipulation dans le milieu du cinéma).

Pour peaufiner son brûlot glacé, l’oxymore est osé, Schrader a fait appel à un romancier et scénariste également sulfureux, Bret Easton Ellis, à qui l’on doit quelques romans irrigués par la violence, comme Neige sur Beverley Hills ou American Psycho, auxquels Hollywood a fait les yeux doux. Mais dans les années 2010, Ellis et Schrader sont marginalisés. Ils ont dû se contenter d’un budget dérisoire pour monter le film dont ils rêvaient. La contrainte suscitant l’imagination, le film y gagne en authenticité. Le décor a été prêté et la voiture du héros est celle du comédien qui lui donne vie.

Le comédien, c’est James Deen. Non, ce n’est pas le rebelle de La Fureur de vivre mais un acteur et réalisateur de pornos dont le véritable nom est Bryan Matthew Sevilla. Ses fans le considèrent comme le Ryan Gosling du X. Idole de toute une génération, apôtre de l’usage de la capote dans les films de cul, Deen a pour ambition de sortir du ghetto X. Il s’est d’ailleurs comporté de la façon la plus pro qui soit sur le tournage de The Canyons. Ce qui n’a pas été le cas de Lindsay Lohan, ravissante tête à claques qui après avoir percé à l’âge le plus tendre dans des productions Disney prend un malin plaisir à défrayer la chronique dès qu’elle le peut. Plus habituée aux faits divers que présente dans les pages spectacle, camée, alcoolo, elle alterne en ces mêmes années 2010 les séjours en prison et les cures de désintoxication.

Paul Schrader, qui a toujours fait montre d’une grande attirance pour les comportements déviants, comme s’il fallait en permanence tester sa résistance au péché, après avoir subi une éducation ultrareligieuse, a dû apprécier la demoiselle à sa juste valeur. Mais Schrader n’est pas n’importe qui. C’est l’un des grands seconds couteaux du Nouvel Hollywood, auteur du scénario de Taxi driver. Fasciné par la violence, il ne jure que par les cinéastes de l’ascèse, Ozu, Dreyer, Bresson. Son parcours est accidenté, mais il affiche quand même 17 films au compteur, dont certains sont uniques.

La sévérité des critiques sur ce film me paraît injuste, tant ce dernier s'en sort avec brio malgré les handicaps de départ. Pour commencer : un budget microscopique de 250 000 $, ensuite : gérer Lindsay Loan sur le plateau, enfin : réussir à faire bien jouer l'acteur ...

Produit hors des grand studio Américain, "The Canyons" fut un échec lors de sa sortie en salle. Le fait qu'il soit en dehors du circuit hollywoodien lui confère certes une plus petite aura, mais il lui confère surtout une plus grande liberté d'expression, et sa Paul Shrader ...

Le film démarre sur des cinémas décatis puis enchaîne avec une star décatie. On a bien compris le message sur les obsèques d'Hollywood, c'est deux parias décatis qui nous en parlent (Ellis & Schrader). Ensuite, on s'envoie des textos, on se prend en video avec des smartphones, ...