CHERS CAMARADES !

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Dans le paradis socialiste qu’est l’URSS post-stalinienne, une personnalité de la nomenklatura prend violemment position contre une grève ouvrière. Mais quand sa propre fille disparaît, à l’occasion de la répression sanglante, la bonne communiste voit son monde s’écrouler.

« Chers Camarades ! » sorti en 2021 est un film russe de Andrey Kontchalovsky qui raconte des lendemains tragiques, quand les russes ont cru que l’ère Khrouchtchev serait enfin celle du communisme démocratique. C’est un film d’un somptueux noir et blanc pour rappeler, bien sûr, cette époque d’illusions perdues, au-delà du rideau de fer. 

Les événements relatés sont inspirés de faits authentiques et le cinéaste a tourné sur les lieux de l’action. Une bonne partie des comédiens sont des gens du cru, y compris Ioulia Vyssotskaïa qui incarne le personnage principal. Et maintenant, en avant vers le socialisme !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA GRÈVE DE SERGUEI EISENTSTEIN (1925) (Le premier film du grand cinéaste Eisenstein qui dénonce les méthodes de travail inhumaines dans le prolétariat russe, à l'époque du régime tsariste. Ce film muet, est rétrospectivement d'autant plus tragique que les bolcheviks ne changeront pas grand-chose à la condition des ouvriers.) ou encore GERMINAL DE CLAUDE BERRI (1993) (Parmi les multiples adaptations du roman de Zola celle-ci ne manque pas, à la fois d'ampleur et d'emphase. C'est, bien sur, l'illustration des combats syndicaux dans les mines de charbon, sous un régime bourgeois et cruel.).

Andrei Kontchalovsky est un drôle de client. Dans les années 80 l’observateur distrait pouvait croire qu’il s’agissait d’un cinéaste américain. On se souvient de films comme « Maria’s lovers » (1984) ou « Runaway train » (1985) et même l’anecdotique « Tango et Cash » (1989). Mais il s’agissait à l’époque d’une seconde vie pour un cinéaste qui avait quitté l’URSS, au début de la décennie. 

A l’époque, l’homme avait déjà vingt ans de métier. Il avait été scénariste pour Tarkovsky et réalisé une demi-douzaine de longs métrages dont le célèbre Siberiade (1979). Au moment de la chute du régime soviétique, Kontchalovsky revient en Russie pour y mener une troisième carrière, parfois qualifiée de politiquement correcte car il est proche de Vladimir Pourtine. Pourtant « Chers camarades ! » a été mal accueilli dans l’empire, car considéré comme trop critique. 

Le film évoque le massacre de Novotcherkassk, une ville du Caucase où, en 1962, l’armée et le KGB avaient tué 26 grévistes et blessé près d’une centaine de manifestants. Un fait largement établi, même s’il a fallu 30 ans pour qu’une commission d’enquête se penche sur ce crime d’Etat. Le scénario d’ailleurs a été écrit avec la collaboration d’un général qui avait participé au rapport officiel. Konchalovsky a confié le rôle principal à son épouse, Ioulia Vyssotskaïa, c’est même leur cinquième collaboration. A l’est comme à l’ouest, les cinéastes et leurs actrices, c’est souvent une histoire d’amour.

À une époque comme la nôtre où le politiquement correct prospère, où l’on se fait moralisateur ou inquisiteur à l’égard du passé, où l’on tend à réécrire “l’histoire” en s’octroyant toujours le bon rôle, la démarche artistique d’un cinéaste comme ...

A une époque où hurler à la dictature sur les réseaux sociaux est devenu aussi fréquent qu’une ponctuation, il est hautement salutaire de se plonger dans un film comme Chers Camarades ! qui nous rappelle ce qu’est (ou était) la réalité quotidienne d’un système ...

Je crois bien que Chers camarades est le premier film que je vois de Andrey Konchalovsky et c'était vraiment un beau film. Déjà plastiquement le noir et blanc est vraiment réussi, c'est soigné au possible et on a quelques plans, notamment sur la fin, en extérieur qui sont ...