CORNICHE KENNEDY

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Marseille. Suzanne révise son bac sur la terrasse de la maison bourgeoise des ses parents. Elle admire de loin un groupe de jeunes gens, filles et garçons, issus des « quartiers ». Ils s’amusent à plonger dans la mer depuis la haute corniche. Ils sont, beaux, libres et aventureux : la jeune fille les envie et souhaite les rejoindre. C’est rapidement la rencontre de deux univers que tout oppose a priori… Ainsi commence Corniche Kennedy, le film réalisé par Dominique Cabrera, d’après le roman homonyme de Maylis de Kerangal.

C’est dans les origines pied-noir de la cinéaste Dominique Cabrera qu’il faut chercher celles de son film qui est d’abord un hommage à Marseille, ce « miroir d’Alger » comme elle le dit elle-même : « A Marseille plus qu’ailleurs, je rêve de l’histoire des passants, comme si dans ses rues les mythes et les histoires se croisaient. » ajoute-telle. Et c’est en multipliant la lecture de romans se déroulant dans la cité phocéenne que l’adaptation du livre de Maylis de Kerangal lui est apparue comme une évidence.

Il lui a fallu ensuite arpenter la ville pour identifier les lieux possibles du tournage car ceux du roman sont purement fictifs.  Jusqu’au jour où elle a vu un groupe de ces « minots » adeptes de ces grands plongeons à l’endroit exact  où elle pensait que le film pouvait se dérouler. Comme pour son héroïne, les premiers contacts ont été assez froids. Mais la confiance est venue petit à petit, permettant la réalisation du film que vous allez voir.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FRENCH (Parce que le film de Dominique Cabrera est aussi un polar marseillais, cette veine prolifique dans laquelle s'inscrit également mais dans un tout autre registre le film de Cédric Jimenez) ou encore KI LO SA (Robert Guediguian s'attachait avec ce films aux minois marseillais de son époque, comme le fait Dominique Cabrera trente ans plus tard.).

Face à l’actrice Lola Creton que l’on avait déjà pu voir dans Un amour de jeunesse  de Mia Hansen-Love et Après mai d’Olivier Assayas, Dominique Cabrera a choisi de faire appel à ces jeunes garçons et filles marseillais rencontrés lors des repérages. Associés à l’écriture même des dialogues du film, Alain Demaria et Kamel Kadri incarnent   respectivement  Mehdi et Marco les deux principaux rôles masculins. Grâce à eux et à leurs amis marseillais, la réalisatrice a pu saisir au plus près la vie quotidienne, les attitudes et les émotions de minots que Truffaut en son temps aurait appelé des « mistons ».

Très fidèle en cela notamment au roman initial, Dominique Cabrera a choisi de ne pas traiter frontalement la question sociale qui est pourtant très forte dans le récit. Il y est bien question des différences sociales mais à travers les mots et les discours. Les décors, eux, ne reflètent que  le ciel et la mer. Et la cinéaste de préciser : « C’est une richesse que cette ville donne à ses habitants d’être au bord de la mer, dans ce paysage d’autant plus merveilleux quand il est filmé par le cinéma. »

Pour illustrer musicalement son film, Dominique Cabrera, cinéaste cinéphile et mélomane, a fait une nouvelle fois appel à la compositrice Béatrice Thiriet avec laquelle elle travaille  depuis une vingtaine d’années.  La  BO, reflétant le métissage culturel dont le film se fait fortement l’écho, mêle électro, voix et symphonie. Les cordes de l’orchestre côtoient ainsi régulièrement des couplets de slam ou de rap et des mots écrits par des protagonistes du film, notamment. « Un ensemble tour à tour joyeux, mélancolique et sensuel » pour reprendre les mots de Dominique Cabrera.

De Dominique Cabrera, cinéaste discrète, je n’avais vu que Le lait de la tendresse humaine (2001) que j’avais beaucoup aimé. Je ne comptais pas voir celui-ci, sorti il est vrai en toute discrétion. Mais il a suffit de l’avis d’un ami blogueur pour me donner finalement ...

Du rebord de la Corniche Kennedy, des corps dénudés prennent leur élan et plongent dans la mer. Des corps vigoureux, aux muscles sculptés, et beaux comme des déesses et des dieux grecs. Une Grèce, Grèce mythique, intemporelle, à laquelle on ne cesse de penser, tant ces ...

Si j'ai apprécié ce film, c'est en grande partie car j'ai longtemps vécu à Marseille, et que ces endroits précis de la corniche me rappellent nombre de souvenirs. De plus, j'ai trouvé l'attitude et langage de ces jeunes tout à fait représentatifs d'une certaine jeunesse ...