DOCUMENTEUR

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Si certains doutent encore que le ressort principal des films d'Agnès Varda est la vie en soi, Documenteur leur en apporte la meilleure preuve.
En 1980, alors qu'elle tourne Mur murs, un documentaire visant à capturer l'esprit de Los Angeles au travers des graffiti sur les murs de cette ville, Varda s'entiche de la voix-off narratrice et décide d'en faire le personnage d'un second film, où on la suit dans ses errances et ses angoisses de femme française exilée aux USA, perdue entre une récente rupture avec son mari et l'amour que demande son fils.
Sans que l'on sache clairement ce que Varda y a mis d'elle, Documenteur, tourné alors qu'elle était séparée de Jacques Demy, tient forcément d'un autoportrait mais aussi d'un complément à Mur Murs. Certaines scènes de ce film-ci se retrouveront d'ailleurs incluses dans le suivant, peut-être pour assumer qu'il s'agit bien d'un reflet de l'état d'esprit de Varda à cette période là. Documenteur est une manière d'aller voir ce qui se passe derrière les murs, derrière les façades. D'aller voir si on y est.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CE RÉPONDEUR NE PREND PAS DE MESSAGE (Alain Cavalier entame une série de films autobiographiques avec celui-ci, réalisé en réaction à la mort de sa femme.) ou encore AMERICANO (Le premier long métrage de Mathieu Demy est intimement lié, à divers titres, à Documenteur.).

Les pistes entre documentaire et fiction se brouillent dans Documenteur pour se resserer toujours plus autour d'Agnès Varda. Emilie, ce personnage de femme et mère en souffrance, à beau être en apparence une fiction, c'est bien Mathieu Demy, le propre fils de la réalisatrice, alors âgé de 8 ans qui joue son enfant. Varda n'est d'ailleurs pas aller chercher bien loin son actrice principale: elle a proposé ce rôle à Sabine Mamou, la monteuse de Mur Murs.
Le scénario même de Documenteur fait des allers-retours entre le périple américain de Varda et sa vie sentimentale. Les inserts documentaires sur le quotidien d'une plage de Los Angeles renforceront, une sensation de réel, de vécu.
Un peu oublié au long des années, ce film est réapparu d'une drôle de manière avec Americano, premier long métrage de Mathieu Demy. Ce dernier à utilisé pour les flash-backs de cette histoire de Français qui part sur les traces de sa mère à Los Angeles, des extraits de Documenteur . Une manière troublante, et plus encore émouvante, d'affirmer son héritage comme de rendre hommage à sa mère.

Une approche très atypique, qui me fait beaucoup penser au film de fin d'étude Permanent Vacation de jim jarmusch.Photographie :7/10Jeu d'acteur : 7/10Ambiance : 6.5/10Musique : -/10Histoire / scenario : 6.5/10 ...