ANTI-SQUAT

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« On dirait un futur proche, mais ça se passe aujourd’hui », commente l’actrice Louise Bourgoin qui tient le rôle principal d’Anti-squat. Dans cette fiction, elle incarne en effet une « resident manager » chargée de gérer des occupants précaires dans des locaux commerciaux vides en attendant la vente ou le réaménagement des immeubles. 

Comme le rappelle un texte au tout début du film, la loi Elan autorisait déjà en 2018 à titre expérimental ce dispositif de « protection par l’occupation ». A partir de ce contexte, Nicolas Silhol et Fanny Burdino ont imaginé un scénario où le règlement ultra strict imposé aux résidents rend la tâche particulièrement ardue à la jeune femme elle-même en situation de précarité. Mère célibataire, elle n’est pas censée vivre dans les lieux aux côtés de son fils… 

Après Corporate sur le management par la terreur, Nicolas Silhol propose un nouveau thriller social avec cet Anti-squat qui pointe les dérives d’une idée intéressante pervertie par la loi du profit. Dans le cadre inquiétant d’un immeuble de bureaux déserts, il confronte son personnage principal à de difficiles choix moraux. « J’aime explorer les zones grises où la morale devient incertaine », confie le cinéaste.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AQUARIUS (Une femme confrontée aux ravages de la spéculation immobilière) ou encore LA PROMESSE (Cette réalisation des frères Dardenne aborde également les questions de précarité, de mal logement).

La tonalité sombre d’Anti-Squat provient en partie du fait que Nicolas Silhol a beaucoup écrit pendant la période du confinement en s’interrogeant sur le « monde d’après ». Le scénariste et réalisateur s’est alors demandé : « Le futur va-t-il consister à voir des travailleurs précaires qui exploitent d’autres travailleurs précaires dans des zones de bureaux à l’abandon ? Cela m’inspirait quelque chose d’assez proche de la dystopie, en effet. Sauf qu’aujourd’hui, c’est inscrit dans la loi et c’est appelé à se développer. Ce monde de demain est déjà le nôtre.»  

La relation mère-fils, les rapports entre les générations constituent un thème fort du film. Les choix que doit faire le personnage interprété par Louise Bourgoin se font sous le regard de son fils. Nicolas Silhol qui a lui-même deux adolescents constate qu’ils grandissent dans un monde aux repères flous. « Je les vois de plus en plus inquiets, révoltés, en colère. Je voulais raconter ce rapport de génération au vu de l’urgence qu’il y a actuellement de faire évoluer les choses. » Le metteur en scène s’est d’ailleurs appuyé sur un texte de rap écrit comme un exutoire par l’un de ses fils pendant le confinement. Les paroles ont ensuite été adaptées pour correspondre au parcours du fils d’Inès dans la fiction. 

Si le précédent long métrage de Nicolas Silhol, Corporate avec Céline Sallette et Lambert Wilson, faisait la part belle aux cadres serrés et aux gros plans, dans Anti-Squat les choix de cadrages et de mise en scène sont différents. Les personnages sont cette fois filmés dans de vastes décors qui viennent renforcer le côté oppressant du récit. Le cinéaste avoue qu’il a été fasciné par le décor du bâtiment vide, impressionnant vaisseau fantôme anguleux où la nature commence à reprendre ses droits. «Une menace semble planer, mais on ne sait pas trop d’où elle va surgir. L’idée était de transmettre ce parfum anxiogène», résume le metteur en scène .  

Ce n’est pas la 1ère fois que le problème du logement est abordé au cinéma [« Il legionario » (2021) de Hleb Papou, où un policier noir doit évacuer un immeuble squatté où vit sa mère et son frère, et « En los márgenes » (« A contretemps ») (2022) de Juan Diego ...

Tout dans Anti-Squat semble évoquer une dystopie, à commencer par la froideur de ses espaces d'habitation occupés par des "résidents" et non des locataires, soumis à nombre de règles strictes. De fait, le postulat de départ du scénario s'inspire d'un ...

Anti-Squat est une société à but lucratif. Son activité consiste à engager des personnes pour occuper des locaux vides plutôt que de risquer qu’ils se fassent squatter. A la recherche d’un emploi dans l’immobilier, Inès postule par InternetL’ouverture du film nous ...