BOYHOOD

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« Famille je vous hais » disait André Gide, et « Boyhood » de Richard Linklater raconte ces douleurs intimes et pourtant essentielles que provoquent les familles même quand elles ne manquent pas d’amour. 

« Boyhood » raconte les années d’apprentissage d’un enfant puis d’un adolescent, jusqu’au moment de l’âge adulte. Le film a la particularité d’avoir été tourné sur une très longue période (douze années) afin de suivre la transformation culturelle et physique de ses héros, enfants comme adultes. Il est sorti en 2014. 

Signé de l’américain Richard Linklater, cette oeuvre qui illustre la temporalité tragique de la chose filmée est jouée par Ethan Hawke et Patricia Arquette dans les rôles des parents et par Ellar Coltrane dans ses étapes de croissances successives. Aucun être humain n’a été maltraité, sauf qu’ils ont tous appris à vieillir. Regardez. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ADOLESCENTES (Parce que le documentariste Sébastien Lifshitz a suivi deux jeunes femmes de leurs 13 ans à leurs 18 ans : 5 années où tout change pour elles.) ou encore COFFEE et CIGARETTES (Parce que Jim Jarmush a mis 17 ans (de 1986 et 2003) pour filmer tous les sketches qui composent son film, au grès des occasions et des rencontres avec des vedettes aux personnalités singulières.).

Un tournage de douze années, ça n’est pas si fréquent. Surtout pour la modeste somme de 2,4 millions de dollars. Ce projet de longue haleine a, symboliquement, été initié avec le passage au XXIème siècle. Pendant l’été 2002, Linklater commence les prises de vue, chez lui, à Austin (Texas). Le jeune Ellar Coltrane a 7 ans au début de l’aventure, il en aura 19 à son terme. A l’arrivée, il n’y aura eu que 45 jours de shooting, un casse-tête pour la production et pour les stars impliquées.  

Le cinéaste a demandé à Patricia Arquette de ne recourir à aucune chirurgie plastique. Au bout de quatre années de production, harcelé par sa propre fille, Lorelei Linklater, le cinéaste la fait entrer dans sa famille de fiction. Un peu plus tard, elle s’en désintéressera et demandera que son personnage soit tué. Linklater refusera ce caprice. 

Le titre de travail fut « The untitled film project » (le projet de film sans titre) puis « 12 years » (douze ans) avant de se conclure sur « Boyhood ». Hawke et Linklater sont très proches, d’abord par leur passé commun qui se répercute dans le film : tous deux ont connu des situations de divorce avec le départ du père. Ils ont aussi collaboré sur un autre projet ambitieux de Linklater : la trilogie « Before » (1995). « Before sunrise » (2004) et « Before Midnight » (2013) où une histoire de vie amoureuse (avec Julie Delpy) et de longues ellipses de temps. Linklater, avec son cinéma, fait tout pour retenir le mouvement de l’horloge. 

Quand on lance un film expérimental de 2h46 avec une pointe d’appréhension, l’entendre s’ouvrir sur du Coldplay fait soudain redouter le pire. Faut dire que j’arrivais sur un territoire d’autant plus vierge que je n’avais jamais vu un film de monsieur Linklater. Tronches ...

En préambule, je voudrais pousser un coup de gueule ! Depuis le temps que j'attends ce film, je n'étais plus à une quinzaine près mais ayant l'opportunité de le voir en avant première, je me rends dans mon cinéma pour satisfaire une curiosité éveillée il y a déjà plusieurs ...

Boyhood fait partie de ces films à concept qui prennent un risque majeur : se faire écraser par lui en s’effaçant derrière cette seule originalité. Suivre pendant 12 ans les mêmes comédiens pour les voir grandir à l’écran est une belle idée, totalement en cohérence ...