COMING APART

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Tourné en 1968, Coming apart n’est sorti en France que 35 ans plus tard, en 2004. Son exploitation a été compliquée. Aux Etats Unis, le film reçut une interdiction très élevée en raison de son contenu sexuel osé pour l’époque ce qui l’empêcha d’avoir une sortie normale et il disparut de la circulation pendant des années, avant que le musée américain d’art, le Moma, ne l’achète et lui redonne une visibilité à la fin des années 90.

Il faut dire qu’interdiction ou pas, il n’est pas sûr que ce film ait pu conquérir un vaste public tant il s’apparente à un film expérimental, mais un film expérimental sexy et drôle, et surtout en avance sur son temps.  En effet, il n'y a quasiment qu'un seul axe de caméra utilisé, caméra dissimulée dans un grand appartement à l’insu des visiteurs et qui va capter la vie quotidienne du lieu. Un grand miroir est placé en face  afin de ne rien manquer de la vie dans ce grand appartement new yorkais. Le loft avant l’heure !

Celui qui a placé cette caméra pour filmer sa vie, c’est Joe Glazer, incarné par l’acteur Rip Torn. On découvre d’abord ses conquêtes souvent sublimes, ses pratiques sexuelles particulières, ses liaisons sentimentales, l’abandon de sa femme enceinte. Peu à peu, on va découvrir son passé tumultueux et pourquoi il en est arrivé à devenir un voyeur pervers et obsessionnel. Jeux de miroir, voyeurisme, psychanalyse, Coming Apart est une des œuvres les plus étonnantes du cinéma américain indépendant, quelque part entre les premiers films de Brian De Palma pour le dispositif réflexif et John Cassavetes pour les relations tumultueuses entre hommes et femmes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DAVID HOLZMAN'S DIARY (Jim McBride filme la vie d'un de ses amis. Au final, un faux documentaire qui est en réalité un vrai film de fiction.) ou encore WALDEN (Jonas Mekas filme sa vie en 8mmm à New York. La fin des années 60 marque l'émergence de cinéastes indépendants new yorkais mélangeant les frontières entre fiction et réalité à travers la forme du journal intime filmé.).

Derrière la caméra,  si on peut dire, Milton Moses Ginsberg. L’échec du film l’empêcha de connaître une carrière plus ambitieuse. En 1973, il tourne un film d’horreur Le loup garou de Washington,  qui traîne une réputation de nanar auprès des rares personnes qui l’ont vu. Des ennuis de santé mirent un terme définitif à sa carrière de cinéaste, et depuis, il poursuit toutefois son activité professionnelle dans le cinéma en tant que monteur.

Derrière la caméra mais dans le film cette fois, le génial acteur Rip Torn. Acteur prolifique, on le vit aussi bien chez Norman Jewison , Richard Brooks que chez  Nicholas Ray. Depuis quarante ans, c’est un des seconds rôles les plus célèbres du cinéma américain. Les jeunes générations le connaissent pour avoir joué Zed, le chef de Will Smith et Tommy Lee Jones dans les Men in Black. Il fut dans les années 90 un des acteurs principaux de la série Larry Sanders Show, narrant les coulisses d’un show TV et filmé comme un documentaire. On lui doit même en tant que réalisateur, la comédie Allo je craque, avec Whoopi Goldberg. Le tournage se passa très mal, Goldberg improvisant la majeure partie du temps, et il y eut une bataille juridique entre les différentes parties pour terminer le film.

Parmi les filles de l’appartement,  on ne peut pas rater la sublime Sally Kirkland. Actrice née à New York, fille de la rédactrice mode de  Vogue et icône de la vie culturelle new yorkaise, Sally Kirkland a une riche carrière sans doute favorisée par sa superbe chevelure blonde. En 1973, elle est apparue dans L’arnaque de George Roy Hill aux côtés de Robert Redford, et depuis on l’a vu dans une bonne cinquantaine de films. En 1999, elle a participé à En Direct sur Ed TV de Ron Howard, un film filmé comme une émission de réal TV. Comme dans Coming Apart, la caméra est encore perçue comme un outil de la vie quotidienne.

Le dispositif : un caméra cachée fixant un sofa, lui-même situé devant un énorme miroir où se reflète le contrechamp, en l'occurrence une garçonnière. Le cadre est donné et John Glazer, psychanalyste et metteur en scène, peut recevoir des femmes et vivre une sexualité ...

Un film explosant agréablement toutes les règles; au principe rarement vu et témoignant d'autre part de la liberté de ton de l'époque : Pas un chef d'oeuvre mais entre autre un témoignage certain d'une époque ainsi qu'un culte... Et il faut bien avouer que le fait que le ...

"Coming apart" est une vraie curiosité. S'agissant d'un film "underground" américain de 1969, on pouvait s'attendre à une caméra virevoltante, des couleurs flashy, des fleurs dans les cheveux, du LSD, des discours enflammés contre la guerre du Vietnam sur fond de musiques ...