DEMENTIA (VERSION RESTAURÉE)

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Il était temps ! Voici enfin la version restaurée d’un film considéré comme « maudit », le seul tourné en 1953 par John Parker mais que le réalisateur dut remonter pour être autorisé à le sortir deux ans plus tard seulement ! Il s’agit en fait d’un moyen métrage de moins d’une heure qui plonge d’emblée le spectateur dans une ambiance cauchemardesque.

Vous allez y suivre une jeune femme se réveillant dans une chambre d’hôtel au cœur d’une petite ville assez mal famée en pleine nuit… Impossible de résumer la suite sans passer pour un pauvre chroniqueur souffrant de graves troubles mentaux ! Pour aller à l’essentiel, l’héroïne de l’histoire va croiser successivement une galerie de personnages tous plus odieux ou dangereux les uns que les autres, se confrontant à un drame issu de sa jeunesse.

« Dementia » préfigure ce que sera ensuite le cinéma de David Lynch et rend hommage à celui de Fritz Lang. L’absence de dialogues et la musique omniprésente renforcent le sentiment angoissant qui traverse toute cette œuvre définitivement à part…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TWIN PEAKS (Balancer entre l'illusion et la réalité, laisser l'horreur envahir peu à peu l='écran et les esprits... David Lynch comme John Parker poussent l'exercice jusqu'au bout !) ou encore DEAD ZONE (Où commence le rêve, ou finit le cauchemar et quelle est la place de la réalité dans tout cela ?).

Alors ? Avez-vous assisté à un cauchemar éveillé totalement imaginaire ou à un rêve reflétant la réalité ? A vous de vous faire votre avis à l’issue de ce « Dementia » enfin visible dans une somptueuse version restaurée. Et si vous vous demandez qui peut bien être Adrienne Barrett, l’actrice principale du film, sachez qu’elle n’avait jamais fait de cinéma avant et qu’elle n’en fit que trois au total. Il s’agissait en fait de la secrétaire du réalisateur, à qui elle raconta un matin l’épouvantable songe qui avait hanté sa nuit. John Parker décida de s’en servir pour écrire son scénario et tourner son seul et unique objet de cinéma !

Rêve ou cauchemar ont depuis toujours inspiré le cinéma. L’exemple le plus emblématique reste « Alice au pays des merveilles », que ce soit en version animée ou en prises de vues réelle. L’œuvre initiale de Lewis Carroll, publiée en 1865, a été suivie par « De l’autre côté du miroir » six ans plus tard et les adaptations sur grand écran que vous avez pu voir sont en fait la synthèse des deux. Le propos, (résolument critique et sarcastique envers les méthodes d’éducation de l’Angleterre du XIXème siècle), est illustré par la rencontre de la douce et naïve Alice avec des personnages fantastiques, merveilleux et effrayants à la fois. La première version cinéma remonte à 1903 mais c’est trente ans plus tard qu’Hollywood va vraiment commencer à se pencher sur ce riche sujet avec Norman Z. Mc Leod à la réalisation, Joseph L. Mankiewicz au scénario et Charlotte Henry sous la blonde chevelure du personnage titre…

En 1951, Walt Disney lui donne vie en version animée, déroutant son public habituel par les thématiques abordées : le film sera considéré par le mouvement hippie comme un pilier de la contre-culture ! En 2010, Tim Burton se lancera à son tour dans une adaptation de ce roman noir et hallucinatoire qui lui va si bien sur le papier. Mia Wasikowska incarne à son tour Alice, entourée de Helena Bonham Carter dans le rôle de la Reine Rouge, Anne Hathaway en Reine Blanche et un incroyable Johnny Depp en Chapelier Fou… Burton restera la producteur d’une fausse suite « De l’autre côté du miroir » sortie en 2016 sans connaître le triomphe de son aîné qui avait au final dépassé la barre du milliard de dollars de recettes mondiales.

Une bien étrange pellicule datée de 1953, remontée puis distribuée à la hâte dans quelques drive-in locaux et rapidement tombée dans l'oubli au coté de son réalisateur. Avec Carnival of Souls, Dementia exhale l'idée romantique d'un cinéma de série B inventif et audacieux ...

Comme le dit très justement Stéphane Bourgoin dans le passionnant bonus du DVD, il est des films qui sont une telle surprise et un tel choc qu'ils nous marquent à jamais... Cet incroyable Dementia, fait incontestablement partie des films de cette trempe.Il faut avant tout ...

Réalisé en 1955, et unique film du réalisateur John Parker, ****Dementia **(**Daughter of Horror) porte bien son titre car c’est, on peut le dire, un film démentiel. Tant sur la forme, déconcertante, qu’au niveau de l’histoire qu’on aurait bien de la peine à résumer. ...