HAMLET

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Né dans l’état du Kansas en 1959, le jeune Michael Almereyda est très attiré par le dessin et la peinture mais, à 16 ans, une rencontre avec le peintre et critique cinématographique Manny Farber, autour d’un film de Fassbinder, aura raison de ses passions adolescentes. Lâchant crayons et pinceaux, il plonge dans le monde merveilleux du cinéma grâce à sa plume.

Après plusieurs scénarios qui ne se tourneront pas, dont une biographie de Nikola Tesla – le papa du courant alternatif ! – et, dans un tout autre genre, une aventure de Mandrake le magicien, Almereyda s’impose comme script-doctor, autrement dit réparateur de scénarios bancals.

Plus officiellement, il travaille avec Wim Wenders, pour Jusqu'au bout du monde, et avec Tim Burton et David Lynch sur quelques autres projets abandonnés.

Mais la mise en scène le démange. Outre plusieurs courts métrages de fiction, des documentaires, voire des films expérimentaux, c’est en 1990 qu’il dirige Harry Dean Stanton dans Twister, son premier long métrage dans lequel une tornade immobilise, chez elle, une famille de fermiers, pas comme les autres.

C’est grâce au Festival du film fantastique de Gerardmer, en 1996, qu’Almereyda se fera véritablement connaître avec Nadja, les aventures tragi-comiques d’une autre famille, une famille de vampires, cette fois. On y reconnaissait David Lynch, également coproducteur du film, en gardien de la morgue !

Il y aura encore The Eternal, où une nouvelle famille – déchirée celle-là – est confrontée au spectre d’une sorcière irlandaise ! Une famille déchirée, un spectre... Hamlet n’est pas loin et Almereyda, en 2000, donne sa version du plus célèbre drame shakespearien.

Si nous ne sommes plus à Elseneur mais à New York et si le royaume est devenu un empire financier contrôlé par la Denmark Corporation, « Etre ou ne pas être » reste bel et bien toujours « the question » !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HAMLET GOES BUSINESS (1987) ou encore LE PRINCE DE JUTLAND (1993) .

C’est en 1898 que le cinématographe commence à s’intéresser aux écrits de William Shakespeare (né 334 ans plus tôt), avec le Roi Jean, incarné par Sir Herbert Beerbohm Tree – le grand-père de Carole Reed – et dont ne subsiste que l’ultime scène, celle de la mort du susnommé monarque.

Il serait, évidemment, bien présomptueux et, de toute façon, matériellement impossible d’évoquer ici la kyrielle de films se réclamant, de près ou de loin – voire de très loin – du grand dramaturge. L’ensemble de ses œuvres a donné naissance à plus de 750 films, en Angleterre, comme il se doit, au Danemark, évidemment, mais aussi aux Etats-Unis, en France, en Russie, en Inde et même au Japon.

Puisque vous venez de voir le Hamlet de Michael Almereyda, rappelons-nous que c’est en France, en 1900, que la grande Sarah Bernhardt – pas encore unijambiste mais déjà portée sur les rôles masculins – fait ses débuts au cinéma dans le Duel d’Hamlet, de Clément Maurice. A 56 ans, elle y joue le rôle du jeune prince mais, elle déteste le cinéma et n’y reviendra que onze ans plus tard, avec la Dame aux Camélias. 

En 1907, et toujours en France, c’est l’incontournable Georges Méliès qui propose son Hamlet, l’une de ses innombrables productions, avec effets spéciaux et toiles peintes. Elseneur, version Montreuil-sous-Bois.

Le cinéma est toujours muet lorsque l’Italie s’intéresse à Amleto – c’est ainsi qu’il se nomme à Cinecittà –, tout comme le Danemark, naturellement passionné par ce drame, adapté d’une vieille légende locale.

En attendant que le cinéma donne la parole aux héros shakespeariens comme aux autres, et après quatre versions américaines, trois italiennes, trois anglaises, une allemande, une autrichienne et une version parodique danoise, intitulée Lui, elle et Hamlet, c’est évidemment l’adaptation de Laurence Olivier qui deviendra, dès 1948, la version, sinon officielle, du moins la plus populaire et la plus récompensée avec, entre autres, quatre Oscars (dont celui du meilleur film) et le Lion d’Or à Venise.

De Laurence Olivier en 1948 à Michael Almereyda en 2000, une trentaine de cinéastes s’inspireront du fameux drame shakespearien. On retiendra particulièrement Akira Kurosawa, avec Les Salauds dorment en paix, Claude Chabrol avec Ophélia, ainsi que John Gielgud, dirigeant Richard Burton, et Tony Richardson, dirigeant Nicol Williamson.

En 1987, dans Hamlet Goes Business, Aki Kaurismaki transforme l’héritier du royaume danois en héritier d’une multinationale basée à Helsinki et en 1990, Franco Zeffirelli, plus respectueux, offre à Mel Gibson de reprendre à l’écran le rôle qu’il avait déjà créé sur d’augustes scènes australiennes.

On n’oubliera pas, enfin, en 1996, le Hamlet de et avec Kenneth Branagh, dans lequel on reconnaissait, dans de courtes apparitions, Richard Attenborough, John Gielgud, Robin Williams, Judi Dench et même Gérard Depardieu !

La mode des adaptations modernisantes des classiques du maître du théâtre Elisabethain n'est pas destinée à se tarir. Doit-on s'en plaindre? Cette énième version des aventures du plus célébre prince Danois n'est pas la plus réussie mais a le mérite de revendiquer un ...