HAUT ET FORT

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S’agit-il d’un documentaire ou d’une fiction ? D’une comédie aux ressorts dramatiques, ou bien d’une comédie musicale ? En fait, Haut et fort c’est tout cela à la fois, selon le désir de son réalisateur Nabil Ayouch, honoré d’une nouvelle sélection à Cannes pour son septième long métrage depuis 1997. 

L’action se déroule à Casablanca au cœur d’un centre culturel niché dans un quartier populaire de la ville. Là, des adolescents des deux sexes tentent de se libérer du poids des traditions en exprimant leur colère et leurs frustrations à travers la pratique du rap, accompagnés dans leur démarche artistique par leur nouveau professeur, Anas, un ancien rappeur au passé mystérieux. 

A noter, que la La Positive School of Hip Hop existe réellement à Casablanca et qu’elle fut fondée par Nabil Ayouch lui-même en 2016. Il avait “envie de laisser une trace dans ce quartier” dit-il, ce qui l’avait conduit à créer la fondation Ali Zaoua pour faire naître au Maroc des centres culturels et offrir aux jeunes la même opportunité que lui avait eue lorsqu’il était enfant à Sarcelles. Nabil Ayouch a ouvert cinq centres semblables à celui de Sidi Moumen où se déroule cette histoire. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MIGNONNES (2020) (Maïmouna Doucouré s'intéressait déjà à la manière dont les jeunes essayent de s'affranchir du poids des traditions et de s'extraire de leur milieu, ici, à travers la danse.) ou encore MAROCK (2006) (Leïla Marrakchi mettait en scène ici les excès, les espoirs et les frayeurs d'une jeunesse marocaine à la veille du bac.).

La thématique rap et hip hop est née d'une rencontre avec un jeune rappeur passé par son centre culturel, avec la volonté d’apprendre aux jeunes à écrire sur leur vie quotidienne. “Je l’ai observé pendant un an avec ces jeunes, raconte le réalisateur, je l’ai vu les faire travailler, leur donner confiance en eux. Un jour, ils ont monté un concert et je les ai trouvés incroyables". Le film s’est fait autour d’acteurs non-professionnels que le cinéaste a fait travailler sans scénario. Il a ensuite dirigé les scènes de classe à l’oreillette, en guidant le personnage du prof vers des sujets précis, autour de phrases-clés, puis en laissant faire la troupe.  

Intéressante est la place accordée aux personnages féminins, une constante chez Ayouch, particulièrement marquante dans Much Loved. C’est sur les femmes que pèsent le plus lourdement les menaces sur la liberté d’expression, mais le réalisateur souhaitait montrer combien elles ne se laissent pas faire. "J’ai toujours été impliqué dans les combats féministes de ce pays. Je les trouve extraordinaires, ces jeunes filles qui font du rap, qui parlent de leur corps, du regard des hommes sur elles, du poids des grands frères qui veulent les asservir. Leurs problématiques sont très fortes et j’ai envie qu’on les entende.” 

Cette histoire d'un prof enseignant le Rap à Casablanca et libérant la parole et la colère de ses élèves grâce à leurs talents est absolument fort et puissant. La réalisation proche du documentaire renforce l'immersion. A voir. ...

HAUT ET FORT c'est un drame musical puissant et plein de vie. Une ode à la liberté d'expression, de penser et d'agir. Posant son cadre dans une ville du Maroc marquée par la pauvreté, le réalisateur, Nabil Ayouch, nous confronte à la réalité du quotidien de jeunes qui ...

On connait l'engagement social de Nabil Ayouch dans ses films, qui lui a d'ailleurs valu quelques problèmes avec la censure (Much Loved) mais moins son action sur le terrain, avec l'ouverture de centres culturels au Maroc. C'est dans celui de Casablanca, ville prisée des cinéastes, ...