LA CLASSE OUVRIÈRE VA AU PARADIS

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La Classe ouvrière va au paradis s’inscrit dans la série d’œuvres qu’Elio Petri a consacrées à la société italienne dans les années 1970. Il avait parlé de la police dans Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, Oscar du meilleur film en langue étrangère et Grand prix à Cannes en 1970. Il s’est ensuite attaqué à la puissance de l’argent dans La Propriété, c’est plus le vol en 1973. La Classe ouvrière va au paradis a reçu la Palme d’or en 1972 sous la présidence de Joseph Losey. Le film a été récompensé ex-æquo avec L’Affaire Mattei de Francesco Rosi, également interprété par Gian Maria Volonté dont la performance dans les deux films a reçu une mention du jury. 

La Classe ouvrière va au paradis évoque la solidarité dans le monde ouvrier. Le héros, homme courageux et intègre, voit sa vie et son rapport à la direction de l’usine et à ses camarades changer totalement à la suite d’un accident du travail. Ugo Pirro a co-écrit l’histoire avec Elio Petri. Outre Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon et La Propriété, c’est plus le vol, on doit aussi au scénariste d’autres films marquants comme Le Jardin des Finzi-Contini (1970) de Vittorio De Sica ou Un vrai crime d’amour (1974) de Luigi Comencini. 

Le film a été tourné à Novara dans le Piémont et de nombreux ouvriers y font de la figuration. Ennio Morricone a signé la musique du film après celle d’Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon. Il fait même une apparition de près d’une minute en gros plan au bout de la chaîne de montage à la fin du film. Son mouvement répété déclenche le générique de fin et sa musique aux sons métalliques.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver EN GUERRE (Parce que Stéphane Brizé nous rappelle qu'en 2018 la classe ouvrière existe toujours et que ses conditions de vie ne se sont pas vraiment améliorées.) ou encore LES TEMPS MODERNES (Pour la scène célébrissime où Charlot "devient fou" à force de serrer des boulons à la chaîne. Le personnage de "La classe ouvrière va au paradis" connaît une mésaventure semblable, en plus tragique.).

Gian Maria Volonté (1933-1994) retrouve ici le réalisateur de A chacun son dû (1967) et Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon. Ils retravailleront ensemble une dernière fois pour Todo Modo (1976). Durant cette période de sa carrière, le comédien est très investi politiquement. Il réalise des documentaires sur des usines occupées en 1971 et ne veut tourner que dans des films engagés.  Avant, il s’était aussi fait connaître dans les westerns de Sergio Leone: Pour une poignée de dollars et Pour quelques dollars du plus. Surnommé, le « Laurence Olivier italien », il est mort à 61 ans sur le tournage du Regard d’Ulysse de Theo Angelopoulos. 

A la fin des années 1960, l’Italie connait de grands bouleversements politiques: grèves (notamment en 1969 dans les usines Fiat), émergence de mouvements d’extrême-gauche radicaux comme les Brigades rouges et consolidation du Parti communiste italien. La classe ouvrière va au paradis offre un témoignage sur cette période et sur la prise de conscience d’un ouvrier qui travaille à la chaîne. Elio Petri a été l’un des premiers cinéastes italiens à s’intéresser au milieu ouvrier. Fils d’un artisan qui a dû travailler en usine, il a été très vite engagé politiquement et a travaillé comme journaliste pour L’Unità, organe du Parti communiste italien. 

Le cinéaste, homme de gauche, a déclaré avoir voulu montrer comment un ouvrier en arrive à la grève et passe du statut d’employé modèle cité en exemple par sa direction à celui de syndicaliste. La fin du film, jugée trop pessimiste par les partis de gauche et la PCI puisque le héros ne sort pas de sa condition, a valu des reproches au réalisateur accusé d’être trop fataliste. Les politiciens de l’époque auraient souhaité que les syndicats aident l’homme à sortir grandi de ses épreuves. Ce n’est pas ce qu’ont choisi Elio Petri et Ugo Pirro qui ont privilégié le constat social au brûlot militant.

La classe ouvrière va au paradis est un grand film politique. C'est à ce caractère politique que je réduis ma critique. Dans ce long-métrage, on ne parle pas de l'Usine, on la montre. On ne parle pas de l'aliénation, on la montre. On ne parle pas des rapports de classe, ...

Les étudiants n’ont pas besoin de travailler pour vivre, et les ouvriers n’ont pas besoin de vivre pour travailler. On peut recevoir davantage d’amour de l’enfant d’un autre que du sien, de la femme d’un autre que de la sienne, ne penser qu’au désir sans arriver ...

S’il fallait isoler une séquence de la classe ouvrière va au paradis pour le résumer, ce serait probablement cette partie de jambes en l’air très romantique entre un ouvrier blasé et la muse qui lui permet d’augmenter sa cadence de production, jeune cariste qui connaît ...