LA NOUVELLE FILLE

en VOD

Premier film de la réalisatrice Micaela Gonzalo, La Nouvelle fille dresse un portrait très réaliste de l’Argentine contemporaine à travers le parcours d’une fille qui traverse le pays pour retrouver son frère qu’elle n’a jamais connu, espérant du même coup donner un nouveau sens à sa vie.

A première vue, il s’agit d’un récit d’apprentissage et de passage à l’âge adulte, mais La Nouvelle fille va beaucoup plus  loin en superposant plusieurs niveaux de lecture.

Alors qu’on ne sait quasiment rien du passé que fuit Jimena, la vie qu’elle découvre en Terre de feu est une sorte de métaphore de la société argentine, avec ses conflits, ses blocages et ses contradictions.

Alors que son frère tente par tous les moyens d’amasser de l’argent pour créer sa propre entreprise, Jimena trouve davantage d’identité et de sens dans le lien collectif qu’elle découvre à l’usine. Elle va devoir choisir entre la vie que tente de lui imposer son frère, et une autre voie, plus généreuse et gratifiante. C’est un choix très politique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver EN GUERRE (Pour la plongée en immersion dans une grève dure, au sein d'une usine automobile. Vincent Lindon est impérial en leader syndical.) ou encore ROSETTA (Parce que "La Chica Nueva" ressemble au cinéma des frères Dardenne dans sa façon de suivre au plus près un personnage qui se débat dans la misère sociale.).

La réalisatrice Micaela Gonzalo raconte que le processus de maturation du projet de La Nouvelle fille a duré très longtemps. Elle et sa scénariste Lucia ont été très impressionnées par la ville de Rio Grande en Terre de feu parce qu’elle représentait un condensé de la situation argentine. Il s’agissait de trouver une façon d’y inclure les personnages, mais la principale difficulté venait des changements incessants de la situation politique et sociale en Argentine et de l’instabilité générale en Amérique latine, qui demandait de repenser l’histoire en fonction des faits, le film ne devant pas être déconnecté de la réalité. Finalement, la fiction a été choisie parce qu’elle permettait de dire des choses complexes avec plus d’efficacité qu’un documentaire, notamment en opérant une synthèse de ce qui se passait à ce moment.

La pandémie a eu une incidence indirecte sur le drame qui affecte Jimena. A défaut de réussir un projet individuel, elle se retrouve dans un projet collectif et y trouve plus de satisfactions, notamment à cause des liens qu’elle arrive à tisser avec les autres. La question des avantages comparés d’un travail individuel et d’un travail collectif se pose avec une acuité particulière à l’époque de la pandémie.  

Les trois rôles principaux (Jimena, son frère et celle qui devient son amie), sont joués par des acteurs professionnels, ce qui  rassurait la réalisatrice parce qu’elle savait qu’elle pouvait compter sur eux, même si elle leur demandait de jouer des choses possiblement éprouvantes. Pour le reste, la plupart des acteurs sont des non professionnels recrutés parmi les ouvriers de la coopérative de Rio Grande. La réalisatrice ne les a pas choisis, ils se sont manifestés et il y avait une dimension documentaire dans la façon dont ils ont trouvé leur place face à la caméra.

La direction artistique et la photo ont été travaillées minutieusement. La couleur dominante de l’usine était le bleu des tabliers et cette couleur apparaît souvent à Rio Grande, à l’extrême sud de l’Amérique latine, où la lumière est rare en cette saison hivernale.