ORAGE

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C’est en 1960 que Marguerite Duras a publié son roman Dix heures et demie du soir en été. Elle y raconte l’histoire de Pierre et Maria un couple qui passe des vacances en Espagne avec Judith, leur fille de quatre ans et d’une amie.
Arrêtés dans un petit village non loin de Madrid, les protagonistes apprennent qu’un meurtre a eu lieu dans la journée : un dénommé Rodrigo Paestra aurait tué sa jeune femme de 19 ans ainsi que son amant.
Six ans plus tard, Jules Dassin, sur un scénario coécrit avec Duras, portait le roman à l’écran, avec Melina Mercouri, Romy Schneider et Peter Finch dans les rôles principaux.

Près de cinquante ans plus tard, Fabrice Camoin, pour son premier long métrage a donc choisi d’adapter ce même roman. Dans une « adaptation libre », selon ses propres termes. Et le cinéaste de préciser : « Comme Maria fantasmant sur ce meurtrier, je pense que j’ai moi-même fantasmé le livre de Duras. Je l’ai réinventé en gardant ce qui me plaisait le plus : être dans le cerveau de Maria, ce personnage de femme plongée dans la confusion de cette petite ville où Nabil a commis un crime. »

De fait Fabrice Camoin a délaissé les années 60 du roman de Duras pour transposer le roman de nos jours. Signe de ces temps différents, l’omniprésence dans le film des caméras de surveillance de l’hôtel où trouvent refuge Maria et les siens.
C’est par hasard que Maria se retrouve dans le local de surveillance et c’est à partir de ce moment-là que l’histoire bascule.
Comme le dit Fabrice Camoin : « A partir du moment où Maria rentre dans l’écran à la rencontre de Nabil, la caméra devient plus mobile et ne la quitte plus. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DIX HEURES ET DEMIE DU SOIR EN ÉTÉ (C'est Jules Dassin qui signe la première adaptation de ce roman de Marguerite Duras dont il reprend le titre pour son film. Avec "Orage", Fabrice Camoin, apporte son propre regard sur ce roman.) ou encore ELLE S'EN VA (Dans un contexte très différent, dénué de tension dramatique, Emmanuelle Bercot fait elle aussi le portrait d'une femme qui décide de rompre ses amarres et de partir vers l'inconnu).

Marguerite Duras et le cinéma, c’est une longue histoire faite de films très différents avec lesquels la romancière entretint des rapports tout aussi différents qu’elle en soit la réalisatrice, la scénariste ou simplement l’auteur adapté. 
A ce jour, on compte ainsi près d’une vingtaine d’adaptations de livres de Marguerite, en dehors de ses propres films.
C’est René Clément le premier qui adapta Duras avec Barrage contre le Pacifique, ce même roman donnant lieu en 2008 à une seconde adaptation signée cette fois par Rithy Panh. On peut également retenir L’Amant réalisé par Jean-Jacques Annaud 1984, adoubé puis rejeté par la romancière.
Ou bien encore Moderato Cantabile réalisé en 1960 par Peter Brook.

Mais, la plupart des adaptations des œuvres de Duras le furent par elle-même, à travers un passage régulier à la réalisation. C’est en 1967, avec La Musica qu’elle devient ainsi la cinéaste de ses écrits. D’autres suivront et non des moindres comme India Song, adaptation d’une pièce écrite en 1972 avec Delphine Seyrig et Michael Lonsdale dans les rôles principaux, le tout servi par une superbe musique de Carlo d’Alessio et des images envoûtantes de Bruno Nuytten.
En 1981, elle réalise son ultime film Les enfants, adapté de l’un de ses contes et dans lequel elle dirige notamment André Dussollier et Pierre Arditi.

Le troisième volet des relations de Duras avec le cinéma est composé des nombreux films écrits par Duras sans qu’il s’agisse d’adaptation de ses propres romans ou pièces de théâtre.
Ce fut notamment le cas pour Hiroshima mon amour, scénario du film que tourna Alain Resnais en 1958.
Deux ans plus tard, elle écrit le scénario du film d’Henri Colpi, Une aussi longue absence, Palme d’Or du Festival de Cannes de 1960.
Puis, en 1966, Duras écrit le scénario et les dialogues de La Voleuse de Jean Chapot avec Romy Schneider et Michel Piccoli et cosigne avec Jean Genet le scénario du film de Tony Richardson Mademoiselle, avec Jeanne Moreau dans le rôle-titre.
On dénombre ainsi près d’une vingtaine de collaborations à des films dont la plupart furent des réussites.