POETRY

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Mija, aide-soignante auprès d’un vieux monsieur, vit avec son petit fils, qu’elle élève seule. Alors qu’on lui diagnostique la maladie d’Alzheimer, qu’elle oublie parfois les mots, elle décide de prendre des cours de poésie et doit écrire son propre poème. 

Sur fond de dépression adolescente et de mélancolie de nos vieux, Poetry est un film ultra-sensible, qui prend le temps d’observer et d’aimer l’humain. Son rythme contemplatif bercé par la force tranquille de ses interprètes en fait un poème de cinéma. 

Lee Chang-dong, le réalisateur sud-coréen qui, auparavant, avait écrit et réalisé Secret Sunshine, et à qui on devra plus tard Burning, impose un cinéma mystérieux, mélancolique et méditatif avec cette petite merveille qu’est Poetry.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES FRAISES SAUVAGES (Parce qu'Ingmar Bergman réalise là l'un des plus beaux films consacrés à la vieillesse : un retraité part pour un voyage au cours duquel il explore ses souvenirs.) ou encore MOTHER (Le réalisateur coréen de "Parasite" a aussi signé ce thriller stupéfiant, dans laquelle une vieille femme tente de sauver la vie de son fils, accusé de meurtre.).

Présenté au Festival de Cannes en 2010, Poetry en est reparti avec le Prix du scénario, remis à Lee Chang-dong des mains de Tim Burton, alors président du jury. En 2018, il y présentera Burning sur la Croisette. Le cinéma coréen connaît à partir de la fin des années 80 – correspondant à la levée de la censure dans le pays – de nombreuses venues et succès sur la Croisette. Dès 1989, on note la sélection au Certain Regard de Pourquoi Bodhi-Dharma est-il parti vers l’Orient ? de Bae Yong-kyun, qui remet le cinéma sud-coréen sur la carte du cinéma mondial. En 2002, le Prix de la Mise en scène est attribué à Im Kwon-taek pour Ivre de femmes et de peinture. En 2004, Old Boy de Park Chan-wook décroche le Grand Prix. Im Sang-soo est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs avec The President’s Last Bang puis en compétition avec L’Ivresse de l’argent. Quant à Bong Joon-ho, son The Host est présenté en 2006 à la Quinzaine des réalisateurs, puis Mother, Okja et Parasite sélectionnés en compétition, ce dernier ayant bien sûr raflé la Palme d’or. Les films coréens sont aussi très présents en Séances de minuit – Le Gangster, le flic et l’assassin, The Spy Gone North ou Hunt, pour ne citer qu’eux. 

En 2003, sous la présidence de Roh Moo-hyun, Lee Chang-dong, qui vient de réaliser son troisième film Oasis, est nommé Ministre de la Culture en Corée du sud. Pendant son mandat, il a dû consolider la politique des quotas en vigueur dans le pays, protégeant ainsi la production locale contre le raz-de-marée hollywoodien. Même s’il est convaincu des bienfaits de ce protectorat, il quitte son ministère en 2004, particulièrement épuisé par les pressions américaines visant à faire sauter ces quotas. Il retourne ainsi au cinéma et en 2007, il réalise Secret Sunshine. 

Même si Poetry ne se revendique pas comme inspiré d’une histoire vraie, Lee Chang-dong a puisé son histoire dans un fait divers tout à fait réel : le viol d’une jeune écolière par un groupe de garçons dans une petite ville de Corée. Lorsque le film s’est formé dans sa tête avec une vieille dame dans le rôle principal, il a contacté l’actrice Yoon Jeong-hee, très active dans les années 60 et 70 avec 200 films à son actif, mais qui n’avait pas tourné depuis 16 ans. Séduite par la proposition, qui différait des rôles qu’on lui avait proposé pendant sa carrière, elle accepta le rôle. Elle n’a, depuis, plus fait de long-métrage.

Je découvre petit à petit le cinéma coréen et je ne peux que m'émerveiller quand je tombe une fois de plus face à une perle comme Poetry. Étant encore novice dans ce cinéma, je ne connaissais que la facette que montre Park Chan-Wook ou autre Kim Jee-Woon. Et c'est un véritable ...

Avec "Poetry", Lee Chang-Dong creuse son sillon, convoquant tour à tour les thèmes qui arpentent son cinéma depuis ses débuts : le temps qui passe, la mort (et pour la deuxième fois le suicide), l'art et la manière dont celui-ci parvient à donner un sens à la vie. Comme ...

Poetry. Un délicat moment qui voit son temps distendu, comme l'attente du poète avant que viennent à naître les idées. Mija est une personne passionnée, qui ne comprend pas que les mots lui résistent. Mais enfin, c'est bien connu, les choses arrivent souvent quand on s'y ...