RETOUR À SÉOUL

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Comment se construire lorsqu'on ne connait pas ses origines ? Peut-on être étranger à soi-même quand l'on ne sait rien ou presque de son enfance ? Freddie, la protagoniste de Retour à Séoul va se confronter volontairement à ces vertigineuses questions en revenant pour la première fois en Corée du Sud, pays où elle est née, mais qu'elle n'a pas connu, ayant été confiée par ses parents à un organisme d'adoption internationale.  

Davy Chou en fait un aussi remarquable qu'étonnant personnage féminin, ne fonctionnant qu'au coup de tête, toute en contradictions, aussi attachante qu'agressive, exorcisant ses manques de repères par une impulsivité ou un goût pour la confrontation avec les autres. Retour à Séoul la soutient et l'accompagne, en prenant des chemins narratifs de traverse, aussi instables que le fascinant puzzle psychologique de de Freddie.  

Comme elle, ce second film se construit à vue, tissant des fils esthétiques avec l'univers de néon et de spleen d'un Wong Kar Wai comme des résonnances existentielles avec les errances d'un Hong Sang Soo, mais pour mieux trouver à l'arrivée une identité unique, a l'image, émouvante, de Freddie, femme tout en chaos, rebelle apprenant à baisser les armes, surmonter ses traumatismes pour mieux se connaître, aller vers plus qu'une construction, une réconciliation avec elle-même. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UNE VIE TOUTE NEUVE (Comme Retour à Séoul, Une vie toute neuve revient sur le cas des enfants sud-coréens adoptés par des étrangers.) ou encore VA, VIS ET DEVIENS (La trajectoire d'un enfant éthiopien, a l'identité troublée quand il est poussé à se faire passer pour juif pour survivre...).

La trajectoire de Freddie a forcément quelque chose à voir avec celle de Davy Chou, réalisateur, né en France mais de parents cambodgiens. A 25 ans, il fait son premier voyage dans ce pays, où il restera un an et demi au lieu des quelques mois prévus. Plus que de répondre à ses interrogations sur ses origines, ce séjour, nourrira d'autres questions sur son identité. Elles remonteront à la surface lorsqu'en 2011 il part présenter son premier film Le Sommeil d'or en festival à Busan, avec une amie née en Corée du Sud mais adoptée à un an, qui, une fois sur place décide de revenir sur sa décision initiale de ne pas rencontrer ses parents biologiques. Chou l'accompagne et est très marqué par leur entrevue, traversée par des sentiments multiples et contradictoires. Il s'en inspirera pour créer Freddie, personnage partagé entre la découverte de ses racines et son besoin de leur échapper, de se réinventer en permanence.  

Si la rencontre avec Park Ji-Min, plasticienne d'origine sud-coréenne aura un impact sur l'écriture de Freddie, qu'elle aide à échafauder, sa création passera aussi par le design de sa silhouette comme de ses vêtements. Le réalisateur et la chef costumière se baseront sur une influence inattendue : Furyosa, la figure aussi guerrière que maternelle de Mad Max : Fury Road ! Un autre point de référence sera le cinéma de Joshua et Ben Safdie ( Good time, Uncut gems...) dont Chou apprécie la capacité à incarner la porosité entre le chaos urbain de New-York et celui intérieur de leurs personnages.  

Il s'en inspirera en décidant de filmer les différentes facettes de Séoul, comme un parallèle à l'évolution psychologique de Freddie, ou en modulant les profondeurs de champ, s'élargissant au fur et à mesure. Ou en la faisant progresses des espaces clos des bars vers des extérieurs aux horizons plus vastes. Comme pour mieux suivre le processus de transformation de cette fascinante femme... 

Retour à Séoul n’est pas un film facile d’accès.Il aurait été facile, sur une thématique assez semblable, de faire quelque chose de consensuel. Mais il est clair que, pour Davy Chou, la forme d’un film doit en épouser le fond – et il conçoit ce fond, ce retour au ...

Retour à Séoul est-il un film sur l'adoption ? De façon indirecte, oui, mais le réalisateur franco-cambodgien Davy Chou a plutôt centré son propos sur la recherche d'identité de son héroïne, qui a quitté la Corée du Sud, peu de temps après sa naissance, avant ...

Le récit initiatique en quête d’identité postule généralement une position d’humilité de l’impétrant : petite figure sans origine, fragile et à la recherche de repères, ballottée d’un indice à l’autre, avant les grandes retrouvailles du câlin réconfortant. ...