STOKER

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Resté silencieux pendant deux ans après avoir participé à 60 Seconds of Solitude in Year Zero (un film collectif cosigné par 60 cinéastes du monde entier qui ont tournés chacun une minute de film) le réalisateur coréen Park Chan Wook est appelé en 2012 par Hollywood pour réaliser une commande, Stoker, dont l’action, quasi minimaliste, se déroule en huis clos dans une grande maison à l’aspect gothique.

On y suit les déambulations de Linda Stoker, une adolescente mélancolique qui, après le décès de son père dans un accident de voiture plus que suspect, voit un oncle aidant débarquer dans les lieux. Alors qu’elle voue une rancune tenace à sa mère Evelyn, Linda découvre que le nouvel arrivant est loin de la rassurer dans son quotidien. Jusqu’à ce que la paranoïa et la tension s’installent entre les trois personnages. 

Avec ses mouvements de caméra stylés et élégants, Park Chan Wook scrute son casting avec une sorte de perversité débonnaire. De Nicole Kidman, excellente en mère à la ramasse à la jeune et formidable Mia Wasikowska dont les nuances de jeu font passer à l’écran les fantasmes, les envies refoulées et les regrets enfouis - et même contradictoires - de son personnage.  Slalomant entre genres et sensations (onirisme, poésie, drame gothique, innocence pervertie) Stoker n’est pas loin finalement de ressembler à un bon vieil Hitchcock des familles. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver WHITE BIRD (Signé Gregg Araki, une chronique sociale et familiale teinté de perversité et d'angoisse.) ou encore L'OMBRE D'UN DOUTE (Un classique du thriller romantique qui était l'un des films préférés de son auteur, Alfred Hitchcock).

Né en 1963 à Séoul, Park Chan Wook est un cinéphile passionné qui admire Alfred Hitchcock depuis son plus jeune âge.  En 1992, après avoir travaillé quatre ans à différents postes sur quelques longs métrages, il réalise son premier film, un drame urbain qui est un échec au box-office. Déçu, il se reconvertit pendant quelques années comme critique de cinéma avant de rebondir en 1997 avec un deuxième long, Saminjo. Mais à nouveau, les entrées restreintes du film l’obligent à attendre encore trois ans pour entamer enfin sa carrière de cinéaste renommé avec des films comme Joint Security Aera, Sympathie For Mister Vengeance, Thirst et surtout Old Boy qui le consacre dans le monde entier et qui manque de peu d’obtenir la Palme d’Or à Cannes en 2004, raflée par le Farhenheit 9/11 de Michael Moore.

Derrière le scénario original de Stoker, en fait une libre adaptation de L’ombre d’un doute d’Alfred Hitchcock, on retrouve Wentworth Miller, révélé au monde entier dans la série Prison Break. L’acteur, très rare au cinéma (il n’apparaît que dans six films entre 2000 et 2014) a également tourné deux clips pour Mariah Carey et écrit le scénario d’un autre long métrage d’horreur de DJ Caruso titré La Chambre des oubliés.

Stoker est littéralement porté par la superbe Mia Wasikowska, née en 1989 d’un père australien et d’une mère polonaise. Révélée à 19 ans dans une version d’Alice au pays des merveilles signée Tim Burton, la mignonne Mia a plusieurs dizaines de films au compteur dont les plus connus sont Maps to the Stars de David Cronenberg, Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch et Crimson Peak de Guillermo Del Toro.

Il y avait à peu près tous les éléments pour me rebuter et ne pas me donner envie de voir ce film dans les critiques négatives : - La nouvelle vague coréenne vampirisée par hollywood : des créateurs de génie obligés d'aseptiser leurs talents pour coller aux attentes ...

Il est extrêmement simple de détester Stoker. Il y a en effet une telle débauche d'idées visuelles, une telle surenchère de mise en scène, de montage, d'esthétisme (y a qu'à voir le générique) pour pouvoir se sentir repoussé soit par le style lui-même, soit par l'hyper-présence ...

Premier film en anglais du génial Park Chan-wook, Stoker avait de multiples raisons de se planter : script écrit par Wentworth Miller de Prison Break (!), possible perte de liberté du réalisateur face aux pressions de la production, difficultés à diriger des acteurs non-Coréens... Il ...