TAKESHIS'

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Quand il écrit, réalise et interprète Takeshis’, Takeshi Kitano est enfin reconnu comme cinéaste au pays du Soleil Levant. Au Japon, Kitano est surtout aimé comme comique pour des émissions télévisées entre le Bigdil et Intervilles sous le nom de Beat Takeshi. Des films très appréciés en Occident comme Sonatine ou Hana-Bi n’ont connu aucun succès sur le territoire japonais. Kitano a dû attendre le film de sabre Zatoichi en 2003 pour que son travail de cinéaste soit enfin  respecté par ses concitoyens. S’il se réjouit de cette reconnaissance qu’il espérait depuis des années, ce grand dépressif ne supporte pas la pression. Selon son propre aveu, Takeshis’ est un pied de nez aux cinéphiles et à ses fans qui croient avoir cerné son œuvre. Le titre du film est une référence aux multiples visages de Kitano : animateur à la télévision, amuseur, peintre, romancier et cinéaste. Il s’agit également d’un  jeu de mots sur son diminutif «Take » et sur « Shi » qui signifie « mort » au pays du Soleil Levant.  Pour Takeshis’, le réalisateur s’est entouré de ses complices habituels comme Ren Osugi, Tetsu Watanabe ou Beat Kiyoshi avec lequel il créa un populaire duo d’amuseurs au début de sa carrière. C’est le styliste Yohji Yamamoto, rencontré sur Dolls en 2002, qui signe les costumes de Takeshis’.

 
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Takeshi Kitano a réfléchi pendant dix ans au projet de Takeshis’. D’abord baptisé Fractal, le scénario évquait l’histoire d’un homme ordinaire déchiré entre réalité et fiction. Ses producteurs, jugeant le projet trop ambitieux, n’ont accepté de le financer que lorsque le réalisateur eut décidé de se mettre en scène lui-même. Il leur semble alors plus facile de le vendre que si ce film expérimental était joué par un parfait inconnu. Présenté en « séance surprise » au Festival de Venise 2005,  Takeshis’ y reçoit un accueil plutôt tiède. A la conférence de presse , Takeshi Kitano demande aux journalistes de ne pas essayer de l’analyser. Le réalisateur invite les spectateurs à se laisser porter par les images ce qu’il décrit comme un « film de divertissement expérimental »  et un « objet filmé non identifié atterri dans le monde du cinéma ». Kitano l’a tourné pendant les rares moments de loisir que lui laissent ses sept émissions de télévision hebdomadaires. Le cinéaste mêle fiction et autobiographie dans cette comédie à clefs, se moquant de lui-même avec férocité. Kitano l’insaisissable jongle avec ses différentes personnalités en s’interrogeant sur son avenir d’artiste en pleine crise créatrice.  Les parodies de fusillades font références aux polars violents qui l’ont imposé en Occident comme Sonatine, Hana-Bi ou Brother. Certains détails sont directement inspirés de sa vie comme ses relations houleuses avec les femmes ou avec les restaurateurs !  La représentation du monde de la télévision est, en revanche, fantasmée.  Kitano avoue s’être amusé à jouer avec l’image que les téléspectateurs ont de lui pour ces séquences. Les numéros musicaux, chorégraphiés par The Stripes, groupe de danseurs vus dans Zatoichi, rappellent les débuts au cabaret  du comédien. Après ce film-somme, le cinéaste a poursuivi, son autoanalyse avec Glory to the Filmaker distribué en France pendant l’été 2008.