THE RED SHOES

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Quand on parle de The red shoes au cinéma, on pense immédiatement au chef d'oeuvre de Michael Powell. En oubliant généralement que celui-ci trouve sa source dans un conte d'Hans Christian Andersen où une jeune fille est obsédée par des chaussons de danse qui vont finir par la faire danser jusqu'à la fin des temps, pour la punir de ne pas avoir pris soin de sa mère adoptive.Le réalisateur sud-coréen, Kim Yong-Gyun a retenu de ce texte tout ce qui touche à la possession, à la jalousie dans sa propre version de cette histoire, pour en faire une farce noire et cruelle autour d'une autre morale de fable : bien mal acquis ne profite jamais.
The red shoes s'inscrit dans d'un renouveau du cinéma d'horreur asiatique, apparu avec Ring. Les chaussures ensorcelées remplaçant la cassette vidéo tueuse: quiconque les porte mourra après s'être fait trancher les pieds.
Même s'il ne renie pas, dans sa stylisation, ses parts de fétichisme et de sadisme, l'influence du giallo italien, on reconnaîtra dans The red shoes, l'influence typique de l'ero-guro, ces mangas dont Yong-Gyun a retenu l'exubérance des scènes gores. Ou, et c'est qui le différencie d'autres films construits sur le même principe d'objets diaboliques, une ambiance surréaliste, notamment dans des scènes de visions baroques. Plus que de cette paire de chaussures, c'est de cette créativité formelle dont pas mal de cinéastes asiatiques pourraient être jaloux.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FILLE AUX ALLUMETTES (Quand Aki Kaurismaki revisite lui aussi un conte d'Hans-Christian Andersen) ou encore HANSEL ET GRETEL (Une autre relecture sud-coréenne d'un classique du conte de fées.).

Avec le temps les contes de fées sont communément devenus des récits pour enfants. Pourtant, dans leurs versions de départ, ces histoires regorgeant de détails sordides et d'atrocités étaient conçus pour effrayer les adultes.
Le cinéma l'a compris depuis longtemps en piochant souvent parmi les classiques des contes pour nourrir le cinéma fantastique puis d'horreur. On ne compte plus les relectures sanglantes du Chaperon rouge ou de Blanche-Neige. Kim Yong-Gyun a accentué la dimension psychanalytique des Chaussons rouges, pour explorer, là où Andersen y accolait un propos très religieux, les arcanes d'une famille moderne de l'infidélité du père aux désirs inassouvis de la mère.
Bien que voulant s'en affranchir, par ce sous-texte psy bien plus européen qu'asiatique, The red shoes s'ajoute à ce qui est devenu un genre local:  le film d'objet du quotidien hanté. Et il faut bien reconnaître un certain talent aux scénaristes qui ont su faire frissonner des milliers de spectateurs avec une perruque (dans The wig), un téléphone, des ciseaux (dans les bien nommés Phone et The scissors) ou donc des chaussures rouges.