TOURNÉE

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En tant que comédien, Mathieu Amalric a montré qu’il était aussi à l’aise dans les films d’Arnaud Desplechin comme UN CONTE DE NOEL que dans MUNICH de Spielberg ou encore QUANTUM OF SOLACE dans lequel il affronte James Bond. Mais Mathieu Amalric est aussi un cinéaste et TOURNÉE, sa quatrième réalisation, lui a valu le prix de la mise en scène Cannes en 2010.

Qualifiant son oeuvre de « comédie itinérante », le réalisateur  a cherché à « faire rentrer dans des hôtels Mercure du cinéma américain ». Il retrace la tournée entre Le Havre et Toulon d’une troupe de New Burlesque, spectacle de strip-tease d’inspiration féministe mêlant danse, musique, humour et mettant volontiers en scène des femmes plantureuses hors des canons de la mode. Le périple est organisé par un manager français de retour au pays après une absence aux raisons mystérieuses. 

Amalric interprète lui-même ce personnage de Joachim Zand auquel il a donné le nom de sa mère la journaliste Nicole Zand. Et s’il porte la moustache c’est en référence à Paulo Branco, producteur d’innombrables films d’auteurs. Branco était prévu au départ pour le rôle mais à trois semaines du tournage Amalric a décidé de le jouer lui-même. Il reconnaît d’ailleurs que le personnage est très proche de lui par certains côtés.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MEURTRE D'UN BOOKMAKER CHINOIS (Une réalisation de John Cassavetes mettant en scène un patron de cabaret qui propose des spectacles de strip-tease) ou encore L'HISTOIRE DE RICHARD O. (Un film réalisé par Damien Odoul, acteur dans Tournée, interprété par Mathieu Amalric).

Le scénario de TOURNÉE doit beaucoup à l’admiration d’Amalric pour deux oeuvres. Il y a tout d’abord un ouvrage écrit par Colette en 1913, intitulé « L’Envers du music-hall », où la romancière évoque son expérience de danseuse, de comédienne et les spectacles où elle fit scandale en apparaissant nue. De ce texte, Amalric a gardé notamment le parti pris de montrer les représentations depuis les coulisses plutôt que de la salle. L’autre modèle en terme d’écriture et de réalisation est MEURTRE D’UN BOOKMAKER CHINOIS, de John Cassavetes sorti en 1976. On y voit notamment Ben Gazzara s’adresser aux employées de son night-club par le biais d’un micro comme le fait Joachim. 

Plongée dans les coulisses du spectacle vivant, TOURNÉE est aussi un film de cinéphile dont le casting multiplie les clins d’oeil au 7e art. A commencer par le personnage du patron de cabaret au tout début du film interprété par André S. Labarthe, célèbre critique et producteur à qui on doit la série de portraits télévisés Cinéastes de notre temps. Le personnage de Chapuis est lui joué par Pierre Grimblat réalisateur pour le cinéma et producteur de séries télé comme NAVARRO. Pour le rôle de François, Amalric a choisi Damien Odoul, metteur en scène qui a signé entre autres L’HISTOIRE DE RICHARD O. interprété justement par Mathieu Amalric. 

Le conflit qui oppose d’ailleurs les personnages de Joachim et de François, tous deux producteurs  « est d’abord un conflit d’amitié, explique Amalric. Chacun pense que l’autre est le traître. » Et pour écrire leurs répliques, le cinéaste s’est inspiré de la correspondance entre François Truffaut et Jean-Luc Godard. Dans une lettre de mai 1973 Godard dit à Truffaut tout le mal qu’il pense de sa NUIT AMÉRICAINE tout en lui demandant « cinq ou dix millions de francs» dont il a besoin pour tourner son propre film. Truffaut lui répond alors « selon moi, tu te conduis comme une merde ». Sur un tout autre registre l’utilisation de la chanson « Moon River » est un double hommage pour Amalric à la fois à DIAMANTS SUR CANAPÉ, le film de Blake Edwards pour lequel cette chanson a été composée par Henry Mancini, mais aussi à ROIS ET REINE d’Arnaud Desplechin qui la reprend. Obtenir les droits de ce classique n’a pas été simple et c’est William Friedkin, le réalisateur de L’EXORCISTE qui a facilité l’opération par ses relations.

"Wow! Have love, oh baby will travel, ah-ha Have love, oh babe I will travel I said if you need a lovin' man, mmm I'll travel" Ouais, le Have Some Will Travel des Sonics qui introduit et cloture ce joli film est bien choisi. Après je suis archi pas objectif sur le contenu du ...

Déjà le film, l'esthétique, la photographie, les scènes de show, sont superbement filmées, les lumières, les musiques, c'est vraiment fantastique, j'ai été complètement happée par le spectacle. Ensuite, l'histoire, très centrée sur le producteur (après avoir été ...

La qualité d'un cinéaste se résume parfois à une scène, voire une image, et ici le tout dernier plan qui se termine par l'électrisante musique des Sonics raconte à elle seule le film (et probablement son réalisateur) dans toute sa générosité, son anarchie, sa perte de ...