UNE FILLE UNIQUE

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Et là je dis  attention: le film que vous allez découvrir dans quelques instants est à part. C’est ce qu’on appelle un long métrage oublié, perdu dans les limbes depuis sa sortie en 1977, diffusé une seule fois à la télé (au Ciné-Club d'Antenne 2) et qui aujourd’hui a donc presque valeur de document !

Une fille unique va vous ramener en 1935, dans une France politique toute accaparée à préparer ce qui va devenir le Front Populaire. Bruno, un militant communiste travaille avec acharnement à cette révolution sociale, délaissant Sophie, son épouse. Cette dernière va tomber sous les charmes de Thomas un jeune Allemand. Ce trio improbable va voir son destin percuté par le fascisme montant, la lassitude des cœurs et des corps et le besoin absolu de rester maître de sa vie, quitte à la réinventer sans l’autre…

En dire trop serait criminel, tant Une fille unique ne ressemble à rien de ce que l’on a pu voir sur ce genre de sujet et cette époque au cinéma : radical, cru, violent et attachant en même temps, le film mérite amplement que vous le découvriez ou redécouvriez maintenant…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SUITE FRANCAISE (Difficile de s'aimer alors que la violence de la guerre ou de la politique bouscule la société. Avant ou pendant la guerre, les passions prennent d'incroyables proportions...) ou encore FAUBOURG 36 (Un drame passionnel et une comédie musicale peuvent très bien se compléter pour évoquer cette époque charnière du Front Populaire...).

Si cette Fille unique vous a donnée envie de découvrir les autres films de Philippe Nahoun, sachez que cela ne vous prendra pas trop de temps, puisqu'il n'a réalisé que deux longs métrages de fiction ! Pourtant, Nahoun n’est pas inactif, loin de là. Notre homme est un grand adepte du documentaire, jugeant que la télévision française est à la traîne de certains autres pays européens comme le Danemark ou la Grande-Bretagne, faute d’ambition et de moyens. Un de ses films les plus remarqués en la matière fut consacré en 2014 au sculpteur Jean-Bernard Métais, un des cinq artistes les plus côtés au monde dans ce qu’on appelle l’espace public, autrement dit les parcs ou les rues…

Dans Une fille unique, vous aurez sans doute reconnu celle qui interprète le rôle de Simone : il s’agit de Josiane Balasko, dans l’un de ses tous premiers rôles puisque « Une fille unique » n’était à l’époque, en 1975, au moment du tournage, que son troisième film. Certaines scènes la concernant sont assez chaudes diront nous, ce qui explique sans doute que cette œuvre de jeunesse soit régulièrement quasi occultée dans la filmographie d’une actrice qui, depuis plus de quarante ans, est devenue un des piliers de la comédie en France. Je ne reviendrai pas ici sur l’épopée des Bronzés, une trilogie signée Patrice Leconte, qui s’est imposée avec le temps comme un classique. La carrière de Josiane Balasko a heureusement pour elle connu d’autres sommets : Les hommes préfèrent les grosses et Le père Noel est une ordure de Jean-Marie Poiré, La smala de Jean-Loup Hubert, Nuit d’ivresse de Bernard Nauer…

Elle-même s’est aussi chargée d’ajouter quelques classiques à sa filmographie en réalisant Les keufs, Gazon maudit ou L’ex-femme de ma vie. Mais n’allez pas croire que Balasko rime automatiquement avec rigolo : ses prestations dans Trop belle pour toi de Bertrand Blier, Un crime au paradis de Jean Becker ou Cette femme-là de Guillaume Nicloux prouvent l’étendue de son registre et de son talent…