UTAMA : LA TERRE OUBLIÉE

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Depuis des décennies, ils vivent dans cette maison perdue au coeur des étendues désertiques de l’Altiplano bolivien. Leurs journées s’écoulent selon des rituels immuables. Il s’occupe du  troupeau de lamas, elle va chercher l’eau et prépare les repas. Avec l’arrivée de leur petit-fils, venu de la ville, leur quotidien va changer.

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Alejandro Loayza Grisi déroule une histoire d’amour dans d’impressionnants paysages. Il peint une belle complicité entre deux êtres à travers un récit où les paroles se font aussi rares que l’eau et la pluie qui se fait attendre. Photographe puis chef-opérateur pour des documentaires, le jeune metteur en scène a sillonné la Bolivie pendant des années. Fort de sa solide connaissance de son pays, de ses traditions et de ses problèmes environnementaux, il a eu « furieusement envie de raconter des histoires ».

Sa première réalisation n’est pas passée inaperçue. Utama, la terre oubliée a été récompensé par une multitude de prix à travers le monde, d’Amsterdam à Toulouse en passant par Malaga, Guadalajara et Pékin. Il s’est également vu attribuer le Grand Prix du jury au festival de Sundance 2022.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AMOUR (Un couple d'octogénaires face à la fin de vie.) ou encore MÊME LA PLUIE (Cette histoire située en Bolivie aborde la question cruciale de l'eau.).

Utama, la terre oubliée est interprété essentiellement par des comédiens non professionnels. Le réalisateur, Alejandro Loayza Grisi avait remarqué José Calcina et Luisa Quispe lors des repérages et, après bien des recherches infructueuses, il est revenu leur proposer de jouer ses personnages principaux. Il lui a fallu beaucoup de patience pour les convaincre de participer à son aventure cinématographique. Deux mois avant le début des prises de vues, ils ont commencé à travailler tous les matins avec un coach qui leur faisait faire des exercices pour moduler la voix et développer leur gestuelle. Les après-midis, ils répétaient les scènes à tourner. Les moments de tension ont été les plus compliqués à jouer « C’était difficile pour eux de s’engueuler et de se fâcher », raconte le réalisateur qui ajoute que dans la vie, ils sont encore plus affectueux l’un envers l’autre qu’à l’écran.

Alejandro Loayza Grisi tenait tout autant à conter une histoire d’amour forte qu’à évoquer des questions qui le préoccupent comme l’impact du changement climatique et l’abandon de la langue et de la culture quechua. Les personnages de Virginio et Sisa sont ainsi emblématiques de cette sagesse ancestrale et représentent une culture à laquelle les jeunes générations n’ont plus accès comme leur petit-fils qui ne comprend pas leur langue.

Le condor occupe une place symbolique forte dans Utama, la terre oubliée. Cet oiseau est en effet un animal sacré en Bolivie. Il est vu comme le protecteur de la montagne et il incarne la source de vie. «  Il est également associé à l’immortalité et au changement de cycle, précise Alejandro Loayza Grisi. Étant donné qu’il revient dans son nid perché en haut de la montagne pour mourir, on considère qu’il s’agit d’une mort symbolique et non réelle. » Le condor est par ailleurs une espèce en voie de disparition. C’est donc une métaphore de la situation qui frappe la montagne : l’accélération du dégel menace d’extinction le cycle de la nature. « Si le condor meurt, il n’y aura plus de renouvellement du cycle, il n’y aura plus de protecteur de la montagne, et il n’y aura plus de vie dans la montagne. Cela peut sembler apocalyptique, mais c’est la réalité », prévient le réalisateur.

Un film en quechua ! Ça ne peut pas se rater, ça. Moi qui ne jure habituellement que par les codes de narration hollywoodiens, je ne suis quand même pas incurable et je sais me laisser entrainer par une fable lente mais pleine de sens, comme celles de Los silencios (Colombie) ...

Sur les hauts plateaux des Andes, Virginio et Sisa veillent sur leur troupeau de lamas. Là-bas, la vie est compliquée. Le quotidien est rude et l'eau est rare. Pourtant, au beau milieu de nulle part, ce couple complice parvient à être heureux. Un bonheur simple, routinier ...

Il n'a pas plu depuis plus d'un an dans l'Altiplano bolivien. Les lamas ont soif et le mode de vie ancestral de la population quechua est menacé. Les images somptueuses d'Utama, le premier long-métrage de Alejandro Loayza Grisi, récompensé au festival de Sundance, s'opposent ...