13 FIGURES DE SARAH BEAUCHESNE AU 71 RUE BLANCHE

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Épuré jusque dans l’usage du noir et blanc, ce film de Véronique Aubouy et Christophe Boutin est un plan-séquence fixe que la mobilité de la contorsionniste apparaissant à l’écran vient contrebalancer. Parti-pris logique et fécond, ce cadre fixe met en valeur le corps de l’artiste, ses mouvements, ses positions irrationnelles dans un espace dénudé.  Le son, mêlant un souffle industriel à la provenance indistincte aux bruissements et frottements de la combinaison de vinyle dont est recouverte Sarah Beauchesne, provoque une matérialité auditive assez fascinante, qui redouble l’étrange sensualité du film. On n’est pourtant pas loin de penser aux créatures de Tod Browning face à cette femme au corps élastique dont le film nous montre la performance. Mais la beauté de ce court métrage, c’est aussi de ne filmer que le mouvement, le corps en plan large, jamais le visage, jamais l’effort. Dans le refus du gros plan et du morcellement, le film gagne en abstraction et en photogénie ce qu’il récuse d’identification et de portée documentaire.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CONTORSION (Parce que ce court métrage de 2013 a pour personnage une jeune circassienne qui craint pour son corps. Mais on aurait aussi bien pu remonter aux débuts du cinéma et signaler que le contorsionniste Louis Martinetti avait été filmé dans ses oeuvres dès 1894.) ou encore LE MYSTÈRE PICASSO (Parce que les ateliers d'artistes sont des sanctuaires sur lesquels le cinéma lève parfois le voile. Henri-George Clouzot s'approche au plus près de Picasso en pleine création.).

La contorsionniste Sarah Beauchesne, en justaucorps noir, est montée sur une table dans l’atelier de l'artiste Christophe Boutin.

Elle enchaîne treize figures durant lesquelles son corps se déforme.

L’artiste devient alors une troublante sculpture en mouvement.