24 HEURES D'AMOUR

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Réalisé en Août 1998, après exhibitions 1999, 24 Heures d’amour est l’un des tout premiers longs métrages pornos de John B. Root, tourné en six jours. Déjà fidèle à son credo d’une pornographie hard mais ludique, s’épanouissant dans les contraintes d’un vrai scénario écrit, B. Root invente une œuvre assez joyeuse, une comédie d’été qui reflète le climat de plaisir qu’il avait su instaurer sur le set. « Ce furent six jours de grand bonheur, confesse-t-il dans ses mémoires. Du bonheur de faire le mieux possible ce que l’on aime le plus faire. Du bonheur d’être réunis et de construire une histoire, de bâtir tous ensemble un grand rêve érotique. Il y a, dans ce film, de nombreux éclats de rire." Etre réunis, construire, bâtir ensemble… John B. Root se place dans la longue tradition d’un cinéma français indépendant et familial.
Lui-même producteur, comme Pagnol, Moullet ou Vecchiali, il choisit la voie d’une économie budgétaire, indispensable à la liberté de création, et s’entoure d’une équipe fidèle. a cent lieues des vidéos x formatées de beaucoup de ses confrères, 24 Heures D’Amour aborde le sexe avec beaucoup de légèreté et ose même parler d’amour. C’est un conte moral qui suit l’évolution psychologique de ses personnages, à la manière d’un Eric Rohmer. Des jeunes mariées en voyage de noces tombent en panne et débarquent dans une auberge de la campagne hongroise. Un photographe y fait des clichés pornos ; les serveuses y sont délurées. Mais le couple a un problème.
Julie aurait besoin d’amour ; Paul aurait besoin de sexe. Eternelle incompréhension entre l’homme et la femme. Avec beaucoup d’ironie, John B. Root s’en amuse. En moraliste décomplexé, il révèle à chacun les grandes vertus du sexe et de l’amour, réconciliés au bout d’une belle partouze hédoniste.

 
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Le photographe italien est interprété par Francesco Malcom, l’un des comédiens favoris de John B. Root. Son personnage tient des propos quasiment autobiographiques. Ainsi il explique à Julie qu’avant il photographiait des choses sérieuses et gagnait beaucoup d’argent. Après être tombé gravement malade, il s’est rendu compte que la vie était trop courte et qu’il fallait faire ce qui était important pour lui. C’est-à-dire, l’amour et le sexe. « Alors j’ai tout changé, dit-il. Maintenant, je fais des photos de filles nues. Je suis pas riche, mais je suis heureux. »
A peu de choses près, c’est la trajectoire de Jean Guilloré, auteur consacré de romans pour la jeunesse, réalisateur de documentaires télés qui finit par tout arrêter pour devenir John B. Root, réalisateur de pornos. Dans d’autres œuvres, particulièrement dans Ludivine, Malcom remplit de nouveau de rôle de porte-parole du cinéaste. HPG, le jeune marié, est un autre habitué des productions JBR. « Je suis un mec, et un mec, ça a besoin de sexe » affirme paul, une maxime qui s’applique bien à HPG, qui a débuté à 22 ans dans les théâtres érotiques et se définit lui-même comme un obsédé sexuel.
Si John B. Root sait écrire du sur mesure pour eux, il se révèle aussi un formidable animateur de groupe, sachant faire oublier à son staff de hardeuses hongroises leur paresse naturelle et leurs réflexes de professionnelles blasées. Aucune d’elles ne semblent s’ennuyer ni gémir mécaniquement. Tout au plus certaines ont gardées leurs faux ongles démesurés, héritage d’une esthétique du porno chic de base qui transforme la femme en poupée de luxe. Mais là encore, le cinéaste s’en amuse, mettant en valeur les multiples prothèses vernies, blanches, mauves, roses, de leurs doigts audacieux.