ABSOLUT SEX

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Sur des images de désolation, de camps, de chars blindés dans des villes, une voix off nous explique qu’une comète a fait voler en éclats le manteau de l’écorce terrestre. Cela a entraîné d’importantes modifications géopolitiques. Une chaîne de télévision interroge quelques survivants et s’intéresse à leur vie sexuelle nouvelle. Les hommes se font rares. Il existe même des loueuses d’étalons.

Ce point de départ apocalyptique pourrait donner naissance à quelques débordements de violence, dans la tradition anxiogène du cinéma post-nucléaire. La voix off évoque d’ailleurs des pays fragiles aux mains de groupes extrémistes. Du délabrement des décors, des usines abandonnées aux murs taggués ne surgiront pas les mutants du Survivant. Réalisé en 2003, Absolut Sex préfère opter pour une pornographie douce, aux plaisirs équilibrés, consensuelle et quotidienne pourrait-on dire. La science-fiction, propice à développer des situations extrêmes, marque ici le retour à une sexualité saine, attentive aux caresses et aux sentiments.

Nourri de préoccupations environnementales, le film reconstruit une écologie du sexe, hermétique aux exploits physiques imposés par le X. Révélateur à ce titre est l’intégration de la mise des préservatifs dans les séquences, quasiment toujours escamotée dans les vidéos des années 2000. « Il y a un monde à reconstruire » dit la survivante Mélanie Coste. Pour le cinéaste, rescapé du porno des années 80 n’ayant plus réalisé depuis 17 ans, il s’agit aussi de rebâtir une nouvelle pornographie, considérée comme moins dégradante.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SOUPIRS PROFONDS ou encore PANIQUE ANNEE ZERO .

Ce très curieux porno-fiction a été produit, écrit et réalisé par Gérard Grégory, qui prête aussi sa voix au commentateur off du début. Personnalité discrète mais incontournable du X français, il a occupé à peu près tous les postes. Assistant réalisateur de Francis Leroi, Pierre B. Reinhard, Michel Lemoine et Gérard Kikoïne, régisseur, directeur de production, notamment pour Colmax et Marc Dorcel. Il lui arriva même d’être hardeur dans quelques classiques comme Le Retour des veuves, Dallax II en Bavière dans lequel il parodiait JR ou encore Bien au fond du petit trou qui en faisait un maniaque adepte des lavements au lait.

Entre 1977 et 1986, il réalisa 11 pornos en 35 millimètres, qui se démarquaient par leur ironie, le meilleur d’entre eux étant un polar parodique, Jeunes Filles à vendre. C’est peu dire que Gérard Grégory n’est pas un débutant. Tourné 17 ans après son dernier film, Bourgeoises mais perverses, Absolut Sex constitue une première pour cet homme de cinéma qui s’adapte aux conditions du tournage vidéo. Pour cela, il fait appel à un complice de longue date, le chef opérateur François About, qui passa sans difficultés de la pellicule à l’image vidéo, devenant l’un des piliers des productions Marc Dorcel sous le pseudo de « Serge de Beaurivage ».

La vedette du film est la Bordelaise Mélanie Coste. Malgré une petite carrière de trois ans, elle a marqué le X hexagonal. Elle fut pendant un an, le temps d’un contrat d’exclusivité, la star classieuse des vidéos Marc Dorcel. Survivante de territoires incontrôlés, en treillis et Doc Martin’s, bandeau kaki dans les cheveux, elle casse son image dans Absolut Sex, un film qu’elle apprécie justement pour cette raison.