AY CARMELA !

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En pleine guerre civile espagnole, Paulino et Carmela, deux comédiens habitués à jouer et chanter pour les républicains, sont arrêtés par les soldats franquistes. Sous la menace, ils acceptent d'animer une soirée pour les combattants polonais des Brigades internationales qui ont été capturés et vont être exécutés le lendemain. Les deux comédiens détournent alors le spectacle qu'ils présentaient traditionnellement en une mascarade qui ridiculise les Polonais, à la grande joie des franquistes, puis changent de ton, ce qui ne va pas sans leur attirer quelques sérieux ennuis.
Réalisé par l’Espagnol Carlos Saura, connu entre autres pour ses succès internationaux parmi lesquels figurent Cria Cuervos, Elisa, mon amour ou encore Noces de sang, Ay, Carmela ! se veut être une charge virulente contre le franquisme et  bien au-delà, contre la dictature de manière générale. L’action s’y déroule sous la forme d’un spectacle, élément qui permet d’introduire une bonne dose d’humour au sein d’un propos qui n’a rien de vraiment drôle en lui-même et qui par la même occasion, renforce l’impact des moments intensément dramatiques du récit.
Ay, Carmela ! est interprété par Carmen Maura, vues à maintes reprises dans des œuvres de Pedro Almodovar, mais aussi de Francis Ford Coppola, Etienne Chatiliez, Jean-Pierre Mocky, Marion Hänsel, Roger Planchon, Nadir Moknèche ou encore André Téchiné. C’est dire si la dame bénéficie d’une carrière fournie à souhait. Maura a obtenu le Goya et le Félix d’interprétation féminine pour sa prestation dans Ay, Carmela ! justement. Elle y est entourée de Gabino Diego, Andrés Pajares et Victor Manuel Mendoza.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LAND AND FREEDOM (Ce film de Ken Loach traite également du franquisme.) ou encore LES YEUX BANDES (Carlos Saura était aux manettes de ce film et Carmen Maura faisait aussi partie de la distribution.).

Ay, Carmela ! est le refrain et l'un des titres des nombreuses versions d'une chanson populaire espagnole, née en 1808 dans la Guerre d’indépendance espagnole contre Napoléon 1er, et reprise plus tard par les soldats républicains et les volontaires des Brigades internationales pendant la Guerre civile de 1936. Le titre, comme les paroles, comme le refrain varient donc avec les époques.
Nombreux sont les cinéastes à s’être attaqués au thème du franquisme dans leurs œuvres, et pas des moindres. Ken Loach avec son Land and Freedom, Guillermo del Toro avec Le Labyrinthe de Pan, le hollywoodien Sam Wood  avec le fameux Pour qui sonne le glas qui mettait en scène le couple Gary Cooper et Ingrid Bergman, Frédéric Rossif à travers son documentaire Mourir à Madrid et bien d’autres au fil des décennies. Carlos Saura avait lui-même précédemment abordé le sujet quinze ans avant Ay, Carmela ! soit en 1976, dans Cria Cuervos, mais de manière totalement différente puisque l’histoire du film se déroulait sous le régime de Franco mais n’évoquait aucunement la lutte anti-franquiste. Le récit n’en demeurait pas moins percutant.
Carmen Maura qui interprète Carmela dans Ay, Carmela ! que vous venez de voir, a obtenu et je vous le disais en amont du film, deux prix d’interprétations prestigieux, espagnols, le Goya et le Félix, pour ce rôle. Mais la comédienne compte également à son palmarès des récompenses internationales telles que le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Les femmes du 6e étage de Philippe Le Guay, ou encore le Prix d’interprétation au Festival de Cannes pour sa prestation dans Volver de Pedro Almodovar. Totalement francophone, Carmen Maura joue aussi au théâtre en France.