CARNAGE

en VOD

Le film de Roman Polanski fut d’abord une pièce de théâtre à succès:  Le dieu du carnage de Yasmina Reza a été créé en 2008 au théâtre Antoine à Paris avant d’être jouée à Londres puis à Broadway. Ne retenant du titre que le mot "carnage" pour le passage au cinéma, Roman Polanski et sa scénariste Yasmina Reza ont transposé l’histoire aux Etats-Unis et pour des acteurs de langue anglaise, soit un quatuor de choc composé par Jodie Foster, Kate Winslet, John Reilly et Christoph Waltz.

Ils incarnent deux couples de parents dont les garçons se sont violemment disputés et battus. Une situation de départ somme toute assez banale mais qui va rapidement dégénérer en pugilat, les parents censés être sages valant bien leurs enfants turbulents… Et Polanski de retrouver notamment l’ambiance fortement anxiogène du « Couteau dans l’eau » son premier film, un autre huis clos sur la nature humaine. Ou comment filmer des êtres humains avec le regard d’un entomologiste ironique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT (L'adaptation cinématographique d'une pièce de théâtre de Tennessee Williams narrant également les conflits d'un couple en crise, avec l'incendiaire Élisabeth Taylor et le magnétique Paul Newman.) ou encore UN PETIT JEU SANS CONSÉQUENCE (Ce film de Bernard Rapp illustre à sa manière les ravages possibles d'une situation de départ en mode mineur qui dégénère et enfante des monstres.).

Le pessimisme radical qui traverse tout le film s’explique en partie par les conditions très particulières de sa préparation. Roman Polanski a en effet écrit cette adaptation durant les dix mois qu’il passa en Suisse en résidence surveillée suite à une plainte de la justice américaine qui l’accuse d’abus sur mineure depuis 1977. Pendant cette période, le cinéaste est non seulement privé de liberté mais sous la menace d’une extradition vers les Etats-Unis. D’où un état d’esprit particulièrement sombre, la misanthropie de Polanski trouvant dans cette situation de quoi s’alimenter un peu plus que d’habitude.

Le texte de Yasmina Reza devient alors une farce noire, un véritable jeu de massacre dont personne ne sort épargné. Les quatre personnages servent d’exutoire à un auteur qui s’estime victime d’un acharnement excessif. Pour parvenir à rendre la montée d’une ambiance de plus en plus lourde et grinçante, le cinéaste a fait travailler ses acteurs en répétition durant deux semaines décrites comme « très intensives » par les intéressés eux-mêmes. Ils ont pu ainsi rentrer dans la peau de leurs personnages dont les couples vont à la fois imploser et exploser au gré des alliances ponctuelles et des retournements de situation vécus par ces quatre bons bourgeois de Brooklyn.

Au personnage d’hyper rigide obsédée par l’ordre et la morale joué par Jodie Foster s’oppose ainsi celui de gourde inconséquente qu’incarne Kate Winslet. Les deux maris ne sont pas en reste évidemment… Et Polanski d’avouer sans détour ce qui l’a séduit dans la pièce en déclarant : « J’aime beaucoup la satire des valeurs bourgeoises conventionnelles, du politiquement correct et de l’hypocrisie des politesses mondaines avec des sourires factices". Et d’ajouter, je le cite encore en guise de conclusion : « Ces quatre personnages si courtois se révèlent des monstres chacun à leur manière, prêts à la fin à se sauter à la gorge. »

Est-ce par hasard que Polanski a choisi d'adapter la pièce de Yasmina Reza Le Dieu du carnage ? Certes non, et loin d'être anecdotique ce choix correspond une fois de plus aux obsessions d'un homme confronté à un huis-clos forcé lors de son incarcération en résidence surveillée. Exorciser ...

Sur la forme, le tournage en quasi temps réel et les répétitions qui ressemblent à du théâtre, le film, adapté d'une pièce justement, offre un crescendo très rythmé vers le poison et les tensions qui animent deux couples dans un appartement.Polanski s'amuse en filmant ...

Ah ! Les charmes ineffables du cinéma contemporain. En voyant carnage, je ne me suis à aucun moment demandé ce qui avait poussé Polanski à mettre en image cette pièce de Yasmina Reza. Certes, ces 1h15 confinées dans un salon (avec, oh ! une incursion dans le couloir de ...