CE PLAISIR QU'ON DIT CHARNEL

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Au milieu des années 1960, un jeune comédien et metteur en scène de théâtre d’une trentaine d’années et d’origine russo-germanique avait été contacté par un couple de ses amis, afin de réaliser le nouveau film qu’ils avaient décidé de tourner ensemble. C’est ainsi qu’en 1966, Mike Nichols, né Igor Peschkowsky, fit ses débuts à Hollywood en dirigeant Elizabeth Taylor et Richard Burton dans Qui a peur de Virginia Woolf ?

Au début des années 1970, après le Lauréat, qui révéla Dustin Hoffmann, et Catch 22, qui moquait l’absurdité de la chose militaire, Mike Nichols (40 ans) retrouve son ami, le caricaturiste, dramaturge et scénariste Jules Feiffer. Prix Pulitzer pour ses dessins de presse, dont certains parurent dans Charlie Mensuel, et futur scénariste de I Want to Go Home d’Alain Resnais, Feiffer lui raconta la pièce de théâtre qu’il était en train d’écrire. Très intéressé, Nichols décida immédiatement de faire de cette ébauche de pièce, le film que vous allez voir.

De l’adolescence à l’âge mûr, vous allez y suivre le destin de deux amis, Jonathan (Jack Nicholson) et Sandy (Art Garfunkel), lancés, l’un et l’autre, à la recherche de la femme idéale ou, plus prosaïquement, des femmes. Parmi celles-ci vous reconnaîtrez l’Américaine Candice Bergen, dix ans avant son mariage avec Louis Malle, la Portoricaine Rita Moreno, dix ans après West Side Story, et la Suédoise Ann-Margret, nommée pour ce rôle à l’Oscar du meilleur second rôle féminin.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GRANDE ÉCOLE (2004) (Amitié et chassé-croisé amoureux – en tous genres –, entre étudiants d’une grande école.) ou encore LES ZOZOS (1973) (En 1962, pensionnaires d’un lycée de province, Frédéric et François sont, eux aussi, à la recherche de ce plaisir, dit charnel !).

Si à 34 ans, Jack Nicholson était un acteur connu et reconnu, déjà nommé deux fois aux Oscar – meilleur second rôle pour Easy Rider, meilleur acteur pour Cinq pièces faciles –, son partenaire, Art Garfunkel (30 ans), venait tout juste de faire ses débuts de comédien dans le précédent film de Mike Nichols, Catch 22. Chanteur depuis le milieu des années 1950, il formait avec son ami Paul Simon, le célèbre duo que l’on sait. C’est à l’occasion du Lauréat, et de l’enregistrement de leur fameuse chanson Mrs Robinson, qu’il avait fait la connaissance de Mike Nichols.

Face à Nicholson, Ann-Margret se fit particulièrement remarquer. Outre sa nomination à l’Oscar, elle fut jugée « sensationnelle » par le Canard enchaîné ! Et pourtant, Nicholson aurait bien aimé que Karen Black soit sa partenaire. Il l’avait rencontrée pendant le tournage d’Easy Rider, lui avait donné la réplique dans Cinq pièces faciles et venait de la diriger dans Vas-y, fonce, sa première réalisation. D’abord chanteuse, Ann-Margret avait fait ses débuts au cinéma à 20 ans, sous la direction de Frank Capra – elle était la fille de Bette Davis dans Milliardaire d'un jour –, mais elle n’abandonna jamais ni la chanson, ni le cabaret, devenant l’une des plus célèbres meneuses de revues de Las Vegas. Dans le rôle de Jennifer, la très jeune et très mutique dernière compagne de Sandy, vous avez peut-être reconnu la débutante Carol Kane (19 ans), future première épouse de Woody Allen dans Annie Hall et future baby-sitter malmenée dans Terreur sur la ligne, version 1979, l’un de ses rares premiers rôles.

Fraîchement accueilli par la critique française, le film de Mike Nichols fut jugé « obscène », certains voulant même l’interdire, « non pour son audace, mais pour sa vulgarité », comme l’écrira Michel Mohrt, qui jugeait même « honteuse » la scène finale, entre Nicholson et Moreno. Le film fut, également, jugé très cruel pour le mâle américain, représenté tel un insatiable obsédé sexuel. Heureusement, récemment revenu des Etats-Unis, le journaliste et (déjà) cinéaste Philippe Labro affirma, dans le Journal du dimanche, que l’Amérique avait bien changé. Après avoir évoqué le reflux de la vague pornographique « qui avait fait de certaines salles obscures de New York, écrivait-il, de véritables musées permanents du sordide », il concluait ainsi son article : « Au contraire de la génération que décrit si férocement Mike Nichols, les plaisirs américains sont de moins en moins charnels. »

En parcourant un peu des forums et Imdb, je suis surpris de voir ce film aussi mal noté. Ça fait partie des quelques films avec lequel je suis un peu en décalage avec la moyenne, car j'ai trouvé Ce plaisir qu'on dit charnel magnifique, sublime, et réussissant même à aller ...

Je n’ai pas besoin de regarder les critiques pour deviner les reproches portés à ce film. Pourtant, j’ai beaucoup aimé.Au début j’ai pensé que c’était un drame romantique cliché mais agréable à regarder. Mais ce film va bien plus loin et n’a fait que de me surprendre ...

Me perdant un peu au hasard sur Arte.tv , je tombai sur ce film - alors disponible pour quelques heures encore sur la plateforme - qu'une certaine curiosité me poussa à regarder, sans trop savoir à quoi m'attendre, ne connaissant que du film son duo d'acteurs principaux ...