DEUX EN UN

en VOD

Spécialistes de la comédie potache à grands renforts de gags souvent vulgaires et provocateurs, les frères Farrelly sont aussi, et surtout, de grands conteurs touchants qui utilisent le burlesque pour mieux atteindre la corde sensible, pour mieux mettre à nu nos handicaps du quotidien, qu’ils soient physiques ou psychologiques, ou les deux, d’ailleurs.

Dans Deux en un, nous suivons le parcours de Bob et Walt Tenor, deux frères inséparables. Littéralement, puisqu’ils sont siamois. Loin d'être un malheur, cette situation leur vaut un succès inespéré dans leur petite bourgade. Mais Walt rêve de faire du cinéma. Malgré sa réticence, Bob, plus introverti, accepte. Aller à Hollywood sera pour lui l’occasion de rencontrer celle qu’il convoite depuis 3 ans par chat interposé.

Septième film du duo, Deux en un met en scène Matt Damon et Greg Kinnear dans une situation rocambolesque où la stupéfaction face au freak laisse la place au rire ému. Surtout quand, au fond, le film s’interroge avant tout sur les notions d’alter ego et de dépendance, le tout dans une tradition clownesque qui n’est pas étrangère aux réalisateurs de Dumb et Dumber et de Fous d’Irène.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LOUISE-MICHEL DE GUSTAVE KERVERN ET BENOÎT DELÉPINE (Sur le ton de l'humour, on détourne là aussi la différence et le film aborde également la question du double.) ou encore SOEURS DE SANG DE BRIAN DE PALMA (Ici aussi, les personnages sont siamois... mais la comédie n'est pas vraiment le ton.).

Révolutionnaire. Voilà un mot qui pourrait correspondre à l’œuvre des frères Farrelly puisqu’en une dizaine d’années, de Dumb et Dumber à Deux en un réellement, le duo a renversé les codes de la comédie. Repoussant les limites du vulgaire et de l’humour scatologique voire bête et méchant, leur œuvre que l’on pourrait, de prime abord, définir au mieux comme burlesque n’est en fait qu’un travestissement. 
Un excès pour en dissimuler un autre qui  vient vous saisir au moment où vous vous y attendez le moins : l’émotion. En semblant se moquer de tout ce qui bouge, faisant de chaque personne, objet ou défaut, une raison de rire, le tandem met en réalité l’accent sur nos incertitudes, nos ridicules et notre humanité. Une tendresse embarrassée qui revêtirait un masque de bouffonnerie.

Et rien ne les arrête. Pas même le handicap. S’ils avaient déjà mis en scène deux gentils demeurés dans Dumb et Dumber, un schizophrène dans Fous d’Irène et une jeune femme obèse dans L’amour extra-large, ils s’attaquent cette fois à des frères siamois. Mais encore une fois, ici, le but n’est pas d’appuyer sur l’aspect tragique de cette situation mais plutôt d’en faire un ressort comique. Ainsi ne prennent-ils jamais en pitié Bob et Walt qui eux s’accommodent très bien de leur situation, mieux ils en font une force. C’est en effet plus simple d’avoir quatre bras pour être gardien de hockey, par exemple. Mieux, avec ce duo de frères littéralement inséparables, Bobby et Peter Farrelly semble réinventé le duo clownesque où l’Auguste et le clown blanc ne serait qu’un corps.

Un seul corps mais jusqu'à quand ? En effet, tout le sujet du film est aussi la capacité à se séparer sans s’éloigner. Car ce personnage a deux tête que nous offre Matt Damon et Greg Kinnear n’est pas sans rappeler le personnage de flic schizophrène qu’incarnait Jim Carrey dans Fous d’Irène, et dont le drame drolatique tenait en une question : comment vivre en harmonie lorsqu’on a l’air de ne faire qu’un mais qu’on est deux ?
Sauf qu’ici, la solution est possible par la séparation des corps et c’est aussi là que se déplace le drame. A savoir : comment accepter de voir l’alter ego partir ? Comment accepter de se couper d’une partie de soi ? Car grandir, c’est ici apprendre à coïncider sans  fusionner.  

Vu 3 fois Déjà, un film qui s’ouvre sur un accompagnement musical des Pixies, en l’occurrence « Here Come Your Man », ne peux pas être mauvais ! « Deux en un » s’appuie sur un pitch assez étrange, qui apparait à première vue à double tranchant : le destin de ...

Les frères Farrelly ont toujours témoigné un intérêt prononcé pour les marginaux, et plus particulièrement les freaks, ces êtres d'apparence "monstrueuses" tels que l'infirme difforme ou la petite fille brûlée dans "Shallow Hal". Dans "Stuck on you", les deux réalisateurs ...

Étincelante dans le cynisme morne du cinéma et de la société, l’œuvre lumineuse des Farrelly est peut-être la plus discrètement essentielle de ces dernières années. Par ce corpus d'une cohérence incroyable et d'une qualité constante, renouvelant la comédie US en ...