DIOR ET MOI

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En avril 2012, suite au départ précipité de John Galliano, le styliste belge Raf Simons se voit confier la lourde tâche de directeur artistique de la maison de couture Dior. Il a devant lui huit semaines pour concocter et fabriquer une collection de haute couture, chose qui nécessite normalement de longs mois de travail. Simons relève le défi et une course folle se met en place, au cours de laquelle le couturier lui-même, mais également, voire surtout, le personnel des ateliers Dior vont devoir affronter le stress, les nuits blanches et la tourmente afin de présenter aux médias et au monde une œuvre d'art aboutie.

Le cinéaste français Frédéric Tcheng, précédemment coréalisateur du beau documentaire Diana Vreeland: The Eye has to Travel sur celle qui fut une rédactrice en chef hors du commun hissant et maintenant le Vogue américain au sommet des publications de mode et de beauté dans le monde, signe avec Dior et Moi, une œuvre à mille lieues des traditionnels films documentaires tournés à la gloire de tel ou tel créateur et mettant en exergue l'aspect mondain du personnage et de son entourage dans le milieu interlope de la nuit parisienne.

Dior et Moi, se veut un constat objectif sur les coulisses d'une des maisons françaises de couture parmi les plus prestigieuses sur le plan international, ici pendant toute la période qui précède l'aboutissement du travail, la sueur et les larmes jetteront les bases de l'euphorie collective et très "people" qui durera à peine une demi-heure le jour de la présentation de la collection. Tout ça pour ça serait-on tenté de dire. C'est vrai, mais la beauté n'a pas de prix.  

 
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Vous venez de découvrir le film Dior et Moi de Frédéric Tcheng et l'ingéniosité de ce cinéaste ne vous a probablement pas échappée. La voix off supposée être celle de Christian Dior lui-même faisant part de son dédoublement, d'une part l'homme discret tranquille fuyant les mondanités et heureux dans sa grande maison de Granville où il naquit, et puis par ailleurs le grand couturier devenu une icône et influant sur les goûts vestimentaires de la gent féminine presque partout sur la planète. Mais surtout l'intelligence du réalisateur qui le pousse à mettre en lumière celles que l'on nomme communément "les petites mains", à savoir ces femmes qui travaillent dans les ateliers et qui œuvrent à transformer en réalité concrète, donc en robes, tailleurs et manteaux, ce qui n'est au départ qu'une vision de l'artiste créateur.

De son propre aveu Frédéric Tcheng aurait totalement changé sa vision du projet qui lui avait été commandé, lorsqu'il apprit que le nouveau directeur artistique de la maison Dior serait Raf Simons. Un bonheur toujours selon le cinéaste, qui apprenant la timidité de Simons et sa propension à fuir les médias, les interviews et les mondanités, y vit une opportunité unique de tourner un film sur la mode qui n'aurait rien à voir avec les œuvres du même genre. Autre source d'intérêt dixit Frédéric Tcheng, la tradition de Dior et le futurisme de Raf Simons, deux forces presque opposées au départ et puis la transformation radicale de l'une et de l'autre.

Frédéric Tcheng raconte aussi avoir été très clair vis-à-vis de la direction de Dior sur le fait qu'il ne ferait pas un film de promotion, pas plus qu'il n'interviewerait les égéries de la maison, Sharon Stone, Marion Cotillard ou Jennifer Lawrence, que l'on voit dans le film mais qui ne s'expriment pas parce qu'elles ne constituent pas le centre du propos. Ce dernier étant les employés des ateliers, celles et ceux à qui le couturier de son propre aveu, doit les retombées du travail. Et Tcheng d'ajouter qu'il eut les mains libres pendant tout le développement du projet même s'il y eut quelques discussions à l'issue de la première projection. Mais comme disait Polanski, un film est la somme des concessions que vous n'avez pas faites.

Saint Laurent disait « J’aime mon travail, je me sens responsable de mes employés qui me sont si fidèles ». S’il ne fallait retenir de « Dior et moi » qu’une seule chose c’est bien ce dévouement et cette passion que prodiguent les équipes de ces grandes maisons ...

Alors que Dior se plaignait lui même de n'être devenu qu'une marque, l'effet miroir de ce film documentaire réussit à nous emmener dans l'intimité à peine perceptible mais vibrante de ce talentueux créateur. La pensée de Dior en voix off (tirée de son autobiographie "Mémoires ...

Ce documentaire est très riche car il mêle des images d'archives des défilés, des apparitions dans la presse de Christian Dior et des extraits des mémoires de ce dernier à des témoignages des différentes personnes travaillant dans la maison de haute couture (directeur de ...