DON JUAN OU SI DON JUAN ÉTAIT UNE FEMME

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Après Les liaisons dangereuses version 1960, Roger Vadim qui a mis de l’érotisme et du désir dans le cinéma de la fin des années 50 et pendant les roaring sixties, s’attaque en 1973 à un autre grand mythe littéraire échangiste et sexuellement explicite: "Don Juan".

Mais il le féminise car il a bien humé l’air de son temps. C’est Bardot au sommet de sa gloire et de sa beauté, qui endosse le costume de l’amante religieuse, amante en un seul mot. Un film de voyeur pour voyeur qui par la provocation, une nudité à peine suggestive va, en pleine explosion du cinéma porno, essayer de rameuter les hordes de victimes mâles consentantes.

Plus ou moins séduits et abandonnés donc : messieurs Mathieu Carrière, Maurice Ronet et Robert Hossein. Pauvre de nous…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'HOMME QUI AIMAIT LES FEMMES DE FRANÇOIS TRUFFAUT (1977 ) (Une variation moderne sur le mythe d'un Don Juan malgré lui. Charles Denner incarne cet homme qui blessé par l'indifférence de sa mère et par un échec sentimental, cherche au travers de toutes les femmes l'équilibre de son monde. Un don juan névrosé, ordinaire, mais extraordinairement touchant qui inverse les polarisés. Désormais la femme est l'avenir de l'homme mais elle est aussi celle qui le ramène à sa médiocrité. Un grand film mélancolique derrière lequel François Truffaut se révèle comme jamais.) ou encore DON GIOVANNI DE JOSEPH LOSEY (1979 ) (Une somptueuse adaptation de l'opéra de Mozart dans une production française (Gaumont) avec aux manettes le grand Joseph Losey. La fine fleur du bel canto de l'époque est là de Ruggero Raimondi en Don Juan à Kiri Te Kanawa en Elvira. Un des plus beau film opératique de l'histoire du cinéma chanté.).

Don Juan est un mythe libertin qui fascine autant qu’il repousse. Collectionneur de femmes il est en quête par le simple plaisir de séduire d’une compensation à son inaptitude à aimer. Aujourd’hui les gazettes psychologisantes le qualifieraient de « pervers narcissique ». Roger Vadim qui lui-même fut un serial-lover avait orchestré au cinéma la naissance du premier mythe féminin ouvertement sexuel dans le bien nommé Et dieu créa la femme (1956). Il n’imaginait pas à quel point Brigitte Bardot, sa jeune épouse à l’époque, allait déchainer les passions, si pulpeuse, si voluptueuse, si suggestive. D’une certaine manière il fut un précurseur d’une inversion des valeurs, BB étant l’ultime chainon, après Marylin, de la femme fatale, celle qui ravalerait le mâle à un esclavage consenti.

Nous voilà dix ans après les folies sixties où Bardot issue du cinéma de papa (En cas de malheur avec Autant-Lara 1958), a investi le cinéma de play-boy avec Vadim (Le repos du guerrier 1962), transcendé celui de la nouvelle vague avec Godard (Le mépris 1963) et atomisé la concurrence avec Louis Malle et Viva Maria 1965. Elle a failli y laisser sa belle beau et déjà, à 39 ans, songe à la retraite. C’est alors que ce bon Vadim qui fut son mari et demeura son ami revient à la charge pour redorer le blason de la provocation coquine. Ce sera don Don juan 73 où le galopin espère réitérer le coup de Et Dieu créa la femme. Dieu d’ailleurs est vite mis à contribution puisque Bardot séduit son cousin, un pauvre curé, qu’elle attaque bille en tête en écrasant son mégot au sein même de l’église. Eve est de retour et ne portait pas de soutien-gorge. Don juane tombe donc la fine fleur des acteurs français et même un délicieux péché anglais, Jane Birkin qui déjà languissait non loin de Romy Schneider dans La piscine 1969 de Jacques Deray.

Don Juan est resté célèbre pour la fameuse scène saphique où Bardot et Birkin, nues sur un lit batifolent aimablement. Vadim devait en baver d’aise. Lors de cette scène, d’ailleurs, Bardot mutine avait dit "et si nous chantions je t’aime moi non plus". On se souvient que Gainsbourg en 1967 crucifié d’amour pour BB avait écrit cette chanson pour elle puis, afin de ne pas trop ébruiter leur affaire, avait accepté de ne pas la sortir, alors même qu’elle avait été déjà enregistrée. Birkin nouvelle égérie du grand Serge l’avait chantée à son tour en duo avec le galopin et cela avait été en 1969, un tube scandaleux. Mais Bardot est lasse et la quarantaine poind. Don Juan est son avant-dernier film. Elle tournera encore« l’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse chemise de Nina Companeez et deviendra la madone des animaux. Ceci ne nous regarde plus.