EDVARD MUNCH, LA DANSE DE LA VIE

en VOD

De son œuvre, on connait surtout Le cri peint en 1893 et devenu récemment l’un des tableaux les plus chers au monde…Mais Edvard Munch a laissé derrière lui un travail considérable, un des piliers du mouvement expressionniste.

Le film de Peter Watkins, sorti en 1974, s’attache vous allez le voir au portrait d’un homme tourmenté, hanté par des obsessions morbides. A la façon d’un documentaire, on y suit tout d’abord les débuts de l’artiste norvégien à la fin du 19e siècle, dans une Europe en paix mais où les noirs nuages des guerres à venir planent déjà à l’horizon… Munch est un jeune garçon fragile qui va se laisser happer par la peur de la maladie, le choc de déceptions sentimentales et le rejet dont il sera victime de la part d’une société bourgeoise à laquelle pourtant il rêvait d’appartenir…

Et ce sont les milieux anarchistes et révolutionnaires qui vont le sauver tout en le récupérant. Munch deviendra l’un des grands illustrateurs de leurs thèses. Sa peinture se regarde donc à la fois comme une aventure picturale unique mais aussi comme un instantané d’une autre époque…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver VAN GOGH DE PIALAT (Les peintres, surtout quand leur destin devient une tragédie, sont d'incroyables objets de cinéma. Pialat avait su saisir la folie funeste de l'auteur des "Tournesols", Watkins rend formidablement compte des méandres de l'esprit de celui du "Cri"...) ou encore MAYERLING (Une même époque, (la fin du 19e), un même continent, (l'Europe), un même climat social, (la révolte anarchiste) et un même profil de personnage principal,(peintre ou archiduc), animé par le génie et la folie).

C’est un drôle de projet dans lequel s’est lancé le réalisateur britannique Peter Watkins avec cette étude sur l’œuvre et le personnage Edvard Munch. Drôle ou plutôt bizarre car le peintre et le cinéaste ont beaucoup de points communs, à tel point que l’on peut regarder le film, sous-titré La danse de la vie comme un autoportrait en miroir.

Tous deux ont principalement souffert du rejet de leur travail par la société bien-pensante et tous deux en ont fait le moteur de leur œuvre…Watkins est un pacifiste radical, prêt à s’engager physiquement pour faire avancer ses idées. Détesté et traqué par les médias, il finira par fuir son pays pour se réfugier dans une Europe nordique plus propice au calme et plus sensible à ses thèses…Quand on jette un coup d’œil à sa filmographie, (dans laquelle fiction et réalité ont toujours tenté de cohabiter), on remarque que le thème de la guerre est omniprésent : celle de Sécession, celle de 14-18 ou celle d’Algérie, Watkins monte au front et engage le combat. Mais en 1965, il perd finalement la bataille après avoir fourni à la BBC un documentaire au vitriol sur le nucléaire intitulé La bombe. Le film fait débat jusque devant le parlement de sa gracieuse Majesté ! Provocation de trop : le cinéaste est prié d’aller « pamphléter » ailleurs et loin si possible !

C’est la Suède qui l’accueille et c’est là-bas que Peter Watkins va définitivement trouver et imposer son style. Il fait appel à des acteurs souvent non-professionnels pour tourner des films inspirés par les risques de conflit. Ce sera le cas des Gladiateurs qui évoque l’apocalypse atomique en 1969 ou de Punishment park en 70 consacré au Viet-Nam et à la politique de Richard Nixon. En 1974, c’est donc la sortie du film Edvard Munch que vous venez de voir, tourné avec des habitants du fjord où Watkins s’est installé. Reflet de sa propre vie, Munch y est dépeint comme un artiste rejeté par le système et les médias qui d’ailleurs accueilleront plutôt favorablement le film…