EXHIBITIONS DANOISES

en VOD

Pigalle, 1977. La mignonne Marlène a beau se déhancher avec sensualité au son d’un calypso antillais et dévoiler sa plastique impeccable sur la scène de la boîte de strip-tease Le Sexorama, il n’y a que deux pelés et trois tondus dans la salle pour profiter du spectacle. Le directeur de l’établissement, à deux doigts de mettre la clé sous la porte, en discute avec sa barmaid qui lui suggère de proposer un spectacle porno à sa clientèle. Il suffit de convaincre les artistes de la boîte de passer du soft au hard, et les répétitions peuvent commencer.

La première scène nous montre trois superbes créatures qui dévorent du Waffen SS avec appétit dans un remake X de Salon Kitty. Pour le tableau suivant, nous avons droit à une évocation de la guerre des bikers qui se battent pour obtenir les faveurs d’une pseudo Bardot qui n’a vraiment peur de personne sur sa Harley Davidson. S’ensuit une succession de saynètes hard parodiques et stylisées, mais toujours particulièrement bandantes. Bref, au Sexorama, grâce à la nouvelle formule, les affaires reprennent. Comme il se doit, la partouze finale donne l’occasion aux spectateurs de participer à ce qui se passe sur scène : en l’occurrence la vraie nuit de noce d’un des couples de hardeurs qui a décidé de se marier durant les représentations. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HARD SHOW GIRLS (PIERRE B. REINHARD - 1989) (Au numéro 147 de la rue Saint Denis, le beau Jimmy, Christophe Clark en personne, dirige un des nombreux établissements à caractère sexuel de ce quartier à la réputation sulfureuse) ou encore SEXYRELLA (CLAUDE MULOT - 1968) (Un dessinateur de BD cherche dans les boîtes de strip de Pigalle celle qui l'inspirera pour créer sa nouvelle héroïne.).

Lino Ayranu qui signe Exhibitions danoises est l’anagramme habituellement utilisé par Alain Nauroy, mais cette fois-ci, il a prêté son  pseudonyme à Jean-Jacques Renon, talentueux chef opérateur qui passait à la mise en scène pour la première fois. Mais comme Renon assurait également la direction de la photo il apparaît au générique sous le pseudo vaguement animalier d’Omar Gouyat. Je suis navré de n’avoir pas réussi à identifier son cadreur qui, lui, signait Jules Joffrin. Sûrement un habirant du 18e arrondissement !
Jean-Jacques Renon était grand buveur de pinard devant l’eternel. Pour avoir travaillé avec lui sur des films de l’excellent Gérard Kikoïne, je peux vous confier la manière dont il mettait les choses au point dès le premier jour de tournage : il allait voir le régisseur chargé d’organiser les repas et lui disait : « Attention, mauvais vin, mauvais film. Pas de vin, pas de film ! »

Jean Luret qui produit Exhibitions danoises n’avait pas pour habitude de donner dans le budget hollywoodien, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais, cette fois-ci, Renon et son scénariste, Victor Béniard, ont su exploiter au maximum le lieu de tournage et les comédiens mis à leur disposition. Pour une fois, un film cheap utilise un procédé qui économise les décors, permet d’utiliser les mêmes acteurs dans des séquences qui n’ont rien à voir les unes avec les autres et qui autorisent la stylisation de l’environnement, des costumes et des accessoires. Grâce à cette idée, Charly Schreiner, Cyril Val, Elisabeth Buré, Ingrid d’Eve et Marlène Myller reviennent dans plusieurs scènes sans jamais lasser. Cyril Val, de son vrai nom Alain Plumey, était à l’époque le compagnon de Marlène Myller. Il a survolé avec le talent et la modestie qu’on lui connait le hard des seventies et a travaillé pratiquement avec tous les réalisateurs du moment. Joyeuse ironie du sort, il préside aujourd’hui aux destinées artistiques du musée de l’érotisme. Devinez où ? À Pigalle.