HI-DE-HO

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Et voici Cab Calloway, le prince du «Hi-de-ho», l'inventeur du «scat» et du mouvement «zazou», le musicien hors pair doublé d'un impressionnant danseur au corps et au visage élastiques, dans un film entièrement à sa gloire. Ce «véhicule», comme disent les Américains, a été tourné en 1947, il est le prétexte à une suite de numéros musicaux à peine liés entre eux par une vague intrigue mêlant une histoire d'amour, de jalousie et de gangsters. Mais le bonheur de voir Cab Calloway à l'écran est intact et ses performances valent à elles seules le détour. Quelques guest stars viennent aussi pousser la chansonnette, comme les Peter's Sisters, ou danser des claquettes, comme l'ébouriffant trio Loïs et les frères Miller. Curieusement, il existe deux autres films avec Cab Calloway qui portent le titre Hi-de-ho : un court métrage, réalisé en 1934 par Fred Waller, et un long métrage signé Roy Mack, en 1937. Cab Calloway, né en 1907 et mort en 1994, était un jazzman noir américain, il s'est retrouvé à l'affiche du Savoy Ballroom de Harlem à l'âge de 22 ans et il a pris, en 1933, la succession de Duke Ellington au fameux Cotton Club que Francis Ford Coppola immortalisera dans le film éponyme en 1984, et où son personnage était interprété par Larry Marshall. Mais pour l'heure, place au vrai, au seul, à l'unique cab Calloway et… Hi-de-ho !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver COTTON CLUB DE FRANCIS FORD COPPOLA 1984 ou encore LE CHANTEUR DE JAZZ DE ALAN CROSLAND (THE JAZZ SINGER, 1927) .

La dernière fois que l'on a vu Cab Calloway au cinéma, c'était en 1980 dans Les Blues Brothers de John Landis. Il y interprétait sa célèbre chanson «Minnie The Moocher», qui avait présidé à ses débuts dans le dessin animé du même titre réalisé par Dave Fleischer en 1932. L'héroïne en était la gracieuse Betty Boop et la présence de Cab Calloway était double : il apparaissait en images réelles en compagnie de son orchestre et prêtait par ailleurs sa voix et ses déhanchements à un fantôme mélomane. Né en 1889 et mort en 1956, Josh Binney a réalisé cinq longs métrages à Hollywood dont quatre comédies musicales. Hi-de-ho fait partie de ces films tournés par des blancs mais interprétés par des noirs pour un public noir dans les années 40 et 50 : on y retrouvait souvent des jazzmen comme Louis Armstrong, Nat King Cole ou Harry Bellafonte. Avec les années 60 et les luttes de Martin Luther King, des films dénonçant le racisme sont apparus, tel Devine qui vient dîner de Stanley Kramer (1967) avec Sidney Poitier. Enfin, tout au long des années 1970, de nombreux «black action movies» ont vu le jour. Ils étaient réalisés par des noirs et aussi des blancs, et mettaient en scène des héros noirs. Citons seulement, sur une masse de deux cents films sillonnant tous les genres, du western au film d'horreur, Shaft de Gordon Parks avec Richard Roundtree en 1971 et son pendant féminin Foxy Brown de Jack Hill avec Pam Grier, en 1974. Depuis, pour quelques acteurs qui ont fait carrière –Morgan Freeman, Danny Glover, Wesley Snipes, Denzel Washington, Will Smith ou Jamie Foxx, et quelques réalisateurs bien en place tel Spike Lee et John Singleton, il arrive encore trop souvent que les acteurs afro-américains soient réduits aux utilités et, notamment dans les blockbusters hollywoodiens, où ils sont les premiers à être avalés par le monstre sanguinaire, ou balayés par la vague meurtrière…