IMPARDONNABLES

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André Téchiné est un artisan du cinéma français. Quoiqu’il arrive, quel que soit l’accueil fait à ses films, il poursuit sa route avec passion, tissant depuis les années 70 un lien très particulier avec le public. Dans « Impardonnables », le cinéaste aborde un registre qu’il a jusqu’ici peu pratiqué : le thriller. Le film nous transporte à Venise et raconte tout d’abord le coup de foudre entre Judith, agent immobilier, et Francis, un de ses clients. Tous deux s’installent dans le cité des Doges mais leur idylle va tourner au drame quand la fille de Francis venue les rejoindre disparaît...Se posent alors des questions que personne jusqu’ici n’osait se poser : que fait Judith de ses journées ? Qui est vraiment Jérémie, ce jeune délinquant embauché pour la suivre ? D’une histoire romantique, on bascule soudain dans le drame et même la lumière unique de la lagune ne parviendra pas à réchauffer l’ensemble. Un film haletant, oppressant, presque dérangeant qui s’appuie sur l’interprétation de ses acteurs : André Dussollier, Carole Bouquet ou Mélanie Thierry...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'OMBRE D'UN SOUPÇON (Soupçonner l'autre c'est déjà le condamner. Reste à en supporter les conséquences...Sydney Pollack imaginait qu'un homme et une femme, réunis par le deuil, découvraient que leurs conjoins décédés avaient été amants.) ou encore MORT À VENISE (Il se dégage de la cité des Doges un parfum décadent de romantisme figé dans le passé. Un endroit hors du temps, dont on sait qu'il sera là bien des siècles après nous...).

En mai 2011, « Impardonnables » avait été un des événements de la sélection de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Pour André Téchiné, pas de quoi s’embraser ! Juste le moment agréable de constater que son cinéma est toujours connu et reconnu. Des récompenses, il en a suffisamment pour caler les nombreux ouvrages de son bel appartement des quais à Paris ! Prix de la mise en scène sur la Croisette en 1985 pour « Rendez-vous », prix Louis Delluc en 1994 pour «Les roseaux sauvages », long métrage qui lui vaudra également l’année suivant trois César dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Le cinéma de Téchiné, c’est celui d’une époque, d’un savoir faire attachant et désuet à la fois, disparu avec des metteurs en scène comme François Truffaut, Claude Sautet ou Claude Chabrol. Tous s’appuyaient sur une sorte de clan de comédiens et un style narratif reconnaissable au premier bout de pellicule. Certes, dans « Impardonnables », il renouvelle son casting avec le tandem Dussollier-Bouquet mais par le passé, des comédiens comme Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart ou Daniel Auteuil ont fait partie de ses fidèles. On tourne pour Téchiné comme on se retrouve en famille. Et justement, les thèmes de prédilection du cinéaste, sont la complexité des rapports amoureux et la difficulté de vivre en famille. En cela, il a inspiré toute une nouvelle génération de réalisateurs comme Xavier Beauvois, Olivier Assayas ou Gaël Morel. Ce dernier faisait d’ailleurs partie de l’aventure des «Roseaux sauvages ». Il y était question de la fin de l’adolescence et de l’ambiguité sexuelle entre plusieurs des personnages masculins. Car André Téchiné est également un militant de la cause homosexuelle : pas revendicatif ou lobbyiste mais spectateur engagé de l’évolution des mœurs. Un autre de ses films, « Les témoins » sorti en 2007 racontait d’ailleurs les ravages des débuts de l’épidémie du sida et la nécessité d’en parler pour éviter le pire...