L'AFFAIRE JESSICA FULLER

en VOD

Thomas est un jeune cinéaste américain qui, en mal d’inspiration et en proie à des difficultés conjugales, se rend en Italie, à Sienne, dans l’espoir de réaliser un film sur un fait divers sanglant qui défraye la chronique : l’assassinat à l’arme blanche d’Elizabeth Pryce, une jeune étudiante américaine. C’est sa colocataire et compatriote Jessica Fuller qui, avec son amant, est suspectée du meurtre. Noyé dans cette tourmente médiatique et judiciaire, le cinéaste se fait aider dans son enquête par une journaliste, elle aussi américaine, qui a tiré un livre de ses investigations sur la condamnation controversée de la jeune étudiante.

Tel est l’argument central du film écrit par l’acteur et scénariste Paul Viragh et réalisé par le Britannique Michael Winterbottom à qui l’on doit notamment Un cœur invaincu avec Angelina Jolie sur l’exécution du journaliste Daniel Pearl. Pour L’Affaire Jessica Fuller, il s’inspire tout autant de faits réels, puisque le film est la transposition d’un fait divers : l’assassinat de Meredith Knox à Pérouse en Italie, en novembre 2007. Dans un premier temps, la justice italienne inculpe et condamne Amanda Knox avant de l’acquitter définitivement en mars 2015.

Le film restitue avec fidélité l’incroyable désordre policier et judiciaire dans lequel cette affaire fut menée. Ce n’est effet qu’au bout du troisième jugement que la vérité a été établie. Entretemps, de nombreuses révélations concernant les failles de enquête et de l’instruction seront mises à jour. C’est précisément elles que le héros du film incarné par Daniel Brühl découvre peu à peu, de même qu’il découvre les errements des médias et la complexité grandissante d’une affaire aux résonances internationales.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE PULL OVER ROUGE (Comme Michel Drach le fit avec l'ouvrage que Gilles Perrault consacra à l'affaire Ranucci, Michael Winterbottom prend appui sur la contre-enquête menée par la journaliste Barbie Latza Nardeau) ou encore LES BLESSURES ASSASSINES (Jean-Pierre Denis retrace le plus fidélement possible le fait divers sanglant de l'affaire des soeurs Papin.).

D’une certaine manière on peut dire que la transposition des grandes affaires judiciaires et médiatiques au cinéma a commencé avec la naissance du 7e Art lui-même. C’est en 1899 en effet, alors que le cinématographe n’est âgé que de quatre ans, que Georges Méliès reconstitue l’affaire Dreyfus en 11 tableaux. Ainsi débute un genre à part entière adopté par les cinématographies du monde entier tant le public s’en montre friand. Des centaines de films à travers le monde entier reprennent ainsi des grands procès issus de faits divers souvent sanglants.

Pour chacun de ces films se pose invariablement la question de la proximité avec le réel. Certains d’entre eux, tout en revêtant les habits de la fiction, ont un aspect quasi documentaire, c’est le cas de L’Affaire SK1 réalisé en 2015 par Frédéric Tellier consacré au tueur en série Guy Georges. De même qu’avec L’Appât Bertrand Tavernier avait disséqué au plus près du réel l’affaire Valérie Subra au cours de laquelle trois jeune gens avaient commis des crimes crapuleux.

D’autres films en revanche tiennent à prendre de la distance avec l’affaire criminelle qu’ils évoquent. Ce fut notamment le cas de La Cérémonie de Claude Chabrol qui modernise l’affaire dite des sœurs Papin tout en conservant son récit principal. Laurent Cantet, lui, avec L’Emploi du temps utilise l’argument de la célèbre affaire Jean-Claude Roman sans reprendre à son compte son dénouement sanglant. Autant de films, autant de façons de traiter du fait divers donc, sans oublier parfois la volonté militante de la réhabilitation et la dénonciation d’une éventuelle erreur judiciaire comme pour le film Le Pull over rouge de Michel Drach à propos de l’affaire Ranucci.