L'AMOUR BRAQUE

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« L’amour braque » sorti en 1985 est un film du polonais Andrezj Zulawski. Braque utilisé comme adjectif signifie, si j’en juge par la définition de l’académie, « écervelé et fantasque ». Braque comme le cinéma expressionniste du plus scandaleux des cinéastes, amour braque comme amour fou, à la mode surréaliste.

Le récit invoque le voyage de trois personnages qui sont tous des coeurs brisés. Francis Huster incarne un déséquilibré qui se prétend prince hongrois, Tchéky Karyo est le voyou en colère et Sophie Marceau joue l’étoile déchue qui a dû vendre son corps et peut-être bien son âme.

Ce film est librement inspiré de « L’idiot » de Dostoeivski à qui le cinéaste rend hommage. Ecrit par Etienne Roda-Gil plus connu comme parolier de Julien Clerc, entre autres, le film a, comme on disait à une époque, ses nerfs. Accrochez-vous.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RÉPULSION DE ROMAN POLANSKI (1966) (Ce n'est pas seulement la nationalité des deux cinéastes qui rapproche les deux films, c'est un rapport à une vision théâtrale ou cauchemardée de la réalité. La thématique des deux oeuvres est aussi liée à la folie et au désir ou à l'incapacité de l'assouvir. La violence y devient un substitut à l'orgasme.) ou encore LES VALSEUSES DE BERTRAND BLIER (1974) (Pour le trio de branques, pour l'amour bric-à-brac de Blier où le surréalisme côtoie la brutalité, le désir animal et l'absence totale de morale. Chez les deux cinéastes les héros se comportent comme des enfants cruels, simplement avides de satisfaire leurs émotions et leurs instincts.).

L’histoire d’amour entre Adrezj Zulawski et Sophie Marceau a explosé avec L’amour braque. Ce n’est pas une information pour grisette dépoitraillée mais un fait cinéphile puisque le cinéaste dirigera encore trois fois sa compagne dans « Mes nuits sont plus belles que vos jours » , « La note bleue » et « La fidélité ».  Les gazettes rapporteront l’histoire de ce couple qui avait 26 ans d’écart, qui vivra 17 ans ensemble et aura un enfant. Fin du carnet rose.

A l’époque Zulawski sort de deux succès salles « l’important c’est d’aimer » et « la femme publique » qui ont un peu secoué le cocotier de la bienséance cinéphilique. Pour la première fois il a la carte, la carte blanche que lui donne son producteur, Alain Sarde. Bien sûr ils se fâcheront après le film et s’invectiveront par voie de presse. Le scénario reprend le couple plus un de « L’idiot » paru en 1874. Dostoïevski rappelons le, souffrait de nombreuses crises d’épilepsie quand il a écrit ce livre.

De ce point de vue le film est épileptique et paroxystique. Francis Huster en prince quelque peu innocent, marche sur les pas de celui à qui on n’a cessé de le comparer : Gérard Philipe qui joua « L’idiot » dans un film de George Lampin en 1946. On appréciera l’ironie de Zulawski qui baigna dans ses jeunes années dans la culture française, son père étant diplomate en poste à Paris. On rappellera encore que Godard a lui aussi été en quête de l’idiot, c’était dans « Soigne ta droite » en 1987. Il s’y était donné le rôle du prince donc de l’idiot…Les cinéastes flirtent toujours avec leurs grains de folie.

Des travellings omniprésents, une caméra à l'épaule constamment en mouvance (Zulawski incarnant en retard la Nouvelle Vague polonaise...), un jeu d'acteur axé sur l'outrance, des dialogues inaudibles, car gueulés à tout va par des personnages givrés, un pastiche caricatural ...

Revenons, le temps d'un article, sur cette orgie cinématographique sans précédent dans l'Histoire du Septième Art que constitue L'amour braque du génial Andrzej Zulawski. Morceau de ciné-cinoque débordant d'idées, de maîtrise technique et d'émotions en tous genres L'amour ...

Détesté, haï un peu partout, soi-disant hystérique (c'est le reproche habituellement adressé à la filmographie de Andrzej Zulawski), l'Amour braque est un poème baroque d'une grande élégance et souvent d'une grande beauté (même si le film a un côté systématique quelque ...