L'AMOUREUSE

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Il était une fois Vanessa et sept de ses copines invitées à fêter son anniversaire dans une maison de la côte normande. Le problème est que la reine de la fête n'a pas le moral parce qu’elle vient de rompre. Alors dans une ambiance propice aux confidences, chacune va y aller de sa petite histoire intime, dans un mélange de tristesse et d’optimisme.

Voilà résumé, façon conte moral à la Rohmer, l’argument de L’amoureuse. Un film expérimental, réalisé en 1987 par Jacques Doillon pour la Sept, la chaîne culturelle qui plus tard deviendra Arte. Le casting est composé de belles inconnues, élèves de Patrice Chéreau au Théâtre de Amandiers de Nanterre.

Toutes auront bientôt leur heure de gloire : Valeria Bruni Tedeschi, Marianne Denicourt, Isabelle Renauld, Agnès Jaoui. Et c’est leur notoriété naissante qui conduira en 1993 Doillon à sortir le film en salle. L’amoureuse est né d’un défi, après que Chéreau ait tourné Hôtel de France, avec le même groupe, mais ayant lui donné les premiers rôles à ses élèves garçons. Ils ont pour nom  Marc Citti, Bruno Todeschini, Dominic Gould et ils sont les jouets de cette féminine fantaisie.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver POTINS DE FEMMES (En 2000, Herbert Ross tournait ce film presque exclusivement axé sur des échanges entre actrices d'âges différents.) ou encore HOTEL DE FRANCE, PATRICE CHÉREAU (1987) (La même année, Chéreau avait tourné un film choral assez semblable dans l'approche naturaliste, avec les mêmes acteurs de l'école du Théâtre des Amandiers.).

Lorsqu’il prépare L’amoureuse, Doillon, 45 ans,  s’est déjà fait un nom de cinéaste avec une poignée de films où les femmes ont invariablement le beau rôle : Dominique Laffin dans La femme qui pleure (1978), Jane Birkin dans La fille prodigue (1980) et plus tard La pirate (1983) ou encore Sandrine Bonnaire dans La puritaine tourné un an avant L’amoureuse.

Il écrit une première version du scénario avec son compère Jean-François Goyet, mais la jette aussitôt le tournage commencé, préférant réécrire au jour le jour, puis glissant sur le coup de minuit les nouvelles scènes sous la porte des filles. Le lendemain, chacune était invitée à y aller de son ajout, pour faciliter l’appropriation du sujet.

Le fait qu’elles se soient amusées est palpable. De fait, L’amoureuse est sans doute l’une des oeuvres les plus légères de Jacques Doillon qui réclamait inlassablement à ses actrices "d’êtres naturelles, d’êtres vraies". La contrepartie de ce "naturel" est qu’il nécessita de refaire vingt ou trente fois certaines scènes, jusqu’à ce que ses interprètes finissent par lâcher prise. Mais le résultat appelle notre admiration.