L'ART DE LA FUGUE

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Décidément rien  n’est simple : Antoine vit avec Adar, mais il rêve d’Alexis… Louis est amoureux de Mathilde, alors il va épouser Julie… Gérard, qui n’aime qu’Hélène, tombera-t-il dans les bras d’Ariel ? L’Art de la fugue réalisé par Brice Cauvin, c’est d’abord le portrait de trois frères en pleine crise de doutes existentiels. Comment dans ces conditions peuvent-ils retrouver le droit chemin ou échapper à toutes responsabilités ? Réponses en actes avec pour incarner cette fratrie haute en couleurs Laurent Lafitte (de la Comédie Française), Benjamin Biolay et Nicolas Bedos, soit, excusez du peu, un acteur, un chanteur et un humoriste. Face à eux notamment Agnès Jaoui, Elodie Frégé et Irène Jacob, entre autres.

A l’original de cette comédie à la française, on trouve en fait un le roman américain de Stephen McCauley dont Agnès Jaoui avait recommandé la lecture à Brice Cauvin. Ce dernier, enthousiasmé, fit appel à Raphaëlle Desplechin-Valbrune pour en écrire une adaptation volontairement très française. Il fut même demandé à Agnès Jaoui de traquer dans les différentes versions du scénario les "américanismes restants", selon l’expression du cinéaste.

Partant du constat que décidément les Français ne s’expriment pas du tout comme les Américains, Brice Cauvin, linguiste de formation, s’est attaché ensuite à l’écriture des dialogues et de décrire ainsi ce travail particulier : "J’aime penser à la part d’inconscient que contiennent les mots, alors j’ai mis beaucoup de soin à travailler les dialogues mais aussi la manière dont s’exprime chacun. Le personnage d’Antoine, par exemple, cherche beaucoup ses mots, mais uniquement quand il parle de lui-même.". Les preuves en images …

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HANNAH ET SES SOEURS (Des frères chez Cauvin, des soeurs chez Allen mais un même tableau des relations entre frères et soeurs.) ou encore UN CONTE DE NOËL (Sur un registre parfois plus grave, Arnaud Desplechin, comme Brice Cauvin, se penche avec délectation sur les rapports entre les membres d'une même famille et les "pièces rapportées".).

L’art de la fugue est le deuxième long métrage de Brice Cauvin lequel, comme on l’a vu est linguiste de formation. Son mémoire de fin d’études portait d’ailleurs sur le langage au cinéma. C’est ce qui l’a naturellement conduit à s’intéresser à l’écriture de scénario, tout en se concentrant sur ce qui est l’essentiel à ses yeux : la réalisation. C’est pourquoi, durant douze ans, il fut assistant-réalisateur auprès de Maurice Pialat,  Pierre Salvadori, Nicole Garcia, Romain Goupil et Patrice Leconte, entre autres. C’est en 2006, avec De particulier à particulier qu’il est devenu lui-même cinéaste.

Avec L’Art de la fugue, Brice Cauvin s’inscrit dans la tradition du film choral à la française dont l’exemple le plus abouti pourrait être Vincent, François, Paul et les autres de Claude Sautet. Et ce n’est pas un hasard si l’on trouve devant la caméra mais aussi à l’écriture, la scénariste, actrice et réalisatrice Agnès Jaoui elle-même auteur avec Jean-Pierre Bacri d’un autre film choral à la réputation solidement établie : Le Goût des autres. On peut également y voir une nouvelle contribution à la figure cinématographique récurrente des « trois frères » que l’on trouve aussi bien chez Francesco Rosi avec précisément son film Trois frères que chez Nicole Garcia avec Le Fils préféré, pour ne citer que deux titres parmi tant d’autres.

Revendiquée par Brice Cauvin lui-même, au moins par le biais d’une citation de spectatrice, la filiation avec le Woddy Allen du film Hannah et ses sœurs ne manque pas de pertinence. Certes, le Français se révèle moins cruel que l’Américain dans ses descriptions mais tous deux conjuguent avec bonheur légéreté et gravité avec un goût commun pour les dialogues ciselés et décapants. Au détour d’une réplique, d’un couloir d’hôpital ou d’une situation, le badinage amoureux ou non disparaît pour laisser un instant la place à une insondable mélancolie. C’est assurément dans ce mélange de rose et de noir que le film impose son charme.

(Article complet sur http://www.hop-blog.fr) Malgré d’innombrables galères au cours de ces dernières années, Brice Cauvin a finalement réussi à sortir son film et on est content pour lui. Car si L'Art de la fugue est loin d’être exempt de défaut, il a suffisamment ...