L'EQUIPIER

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Si dans le cyclisme, on connaît quelques termes comme le maillot jaune, le maillot à pois pour le meilleur grimpeur ou encore la lanterne rouge pour qualifier le dernier de la course, il y en a un que l’on maitrise un peu moins bien : le domestique, autrement appelé l’équipier. Qui a un rôle fondamental mais ingrat, et c’est de ça que traite le film de Kieron J. Walsh, L’équipier. 

Le film se déroule lors du Tour de France de 1998 et suit Dom Chabol, un ancien espoir belge désormais en fin de carrière à 39 ans, devenu « équipier », c’est à dire celui aide à faire gagner le leader. Pourtant il rêve du maillot jaune mais est lâché par l’équipe auquel il a consacré toute sa vie. Alors qu’il se prépare à rentrer chez lui, une erreur élimine un autre coéquipier et Dom doit se remettre en selle. 

L’équipier évoque l’affaire Festina qui avait défrayé la chronique en 1998, notamment avec Richard Virenque « dopé à l’insu de son plein gré » comme le disait si bien Les Guignols à l’époque. Un moment où le mot dopage a franchement été associé au cyclisme. Mais il nous permet aussi de découvrir une position sacrificielle au sein d’une équipe qui ne supporte qu’un seul champion.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE PROGRAM DE STEPHEN FREARS (Le film retrace la fin de carrière de Lance Armstrong) ou encore EDDIE THE EAGLE DE DEXTER FLETCHER (Là aussi un sportif un peu improbable rêve de médailles).

En 2015, Stephen Frears évoquait avec The Program un scandale qui avait remué la planète sport et le monde du cyclisme en particulier : l’affaire Lance Armstrong, cet immense champion, sept fois vainqueur du Tour de France, survivant du cancer qui avait dû rendre ses médailles pour dopage. Mais à ce moment-là, le dopage était déjà bien connu du grand public et ce notamment grâce (ou à cause) de l’affaire Festina de 1998 par laquelle le scandale est arrivé. Le soigneur de l’équipe avait été interpellé à la frontière franco-belge où l’on avait découvert près de 400 fioles de produit dopant. C’est dans ce contexte que le cinéaste britannique Kieron J. Walsh déploie son film L’équipier. 

Si le dopage prend une place importante dans le film, notamment à travers le personnage joué par Iain Glen - le fameux Jorah Mormont de Game of Thrones - qui joue le soigneur de l’équipe du héros, son intérêt est pourtant ailleurs. Autour d’un rôle bien inconnu, mais nécessaire et sacrificiel au sein des équipes de cyclisme, celui d’équipier, ou domestique chez les anglophones. Ce dernier a pour fonction de protéger le leader de l’équipe du vent, le ravitailler ou encore l’attendre lors de problèmes mécaniques. Il est aussi chargé d’attaquer, de poursuivre pour déstabiliser et affaiblir les équipes adversaires. On le voit même dans le film, il est là pour accompagner le leader même hors de la course. 

C’est aussi un film sur un sportif en fin de carrière. En effet, Dominique Chabol, notre (anti)héros, a 39 ans et pousse sur ses dernières limites pour faire cette épreuve du Tour de France considérée comme l’un des événements sportifs les plus difficiles au monde. Pour cela, il a fait appel à l’acteur belge Louis Talpe. Et ce n’est pas vraiment un hasard sachant que l’homme est connu dans son pays en tant qu'acteur de programmes télé pour enfants, mais qu’il est également un passionné de cyclisme et qu’il participe régulièrement à des compétitions Ironman, une forme très exigeante de triathlon. Malgré son excellente condition physique, ce dernier a dû réduire drastiquement son indice de masse corporelle, passant de 17 à 7, ce qu'il a fait en 6 semaines. Il apparaît ainsi aussi maigre qu’un cycliste professionnel. Et c’est bluffant.

Les premières étapes du Tour de France ont été transférées en Irlande. Le belge, Dom Chabol, est l'un des meilleurs coureurs depuis vingt ans. Dom a secrètement envie de porter le maillot jaune avant la fin de sa carrière. Au début de ce qui sera probablement son dernier ...

Une surprise que ce bon film, lorsque l'événement devient planétaire et que le Tour de France prend son départ d'Irlande, en cette année 1998. Y voir aussi tous ces coureurs gonflés à bloc, qui ne carburent pas tous aux sirops. Un sport où les méthodes légales ...

Il ne faudrait pas que ce film intense et sensible, aussi physique que mental, passe à côté de son public. Un public qui pourrait être large et englober aussi bien les adeptes de sport et de reportages testostéronés que les friands, en principe plus calmes, d’intrigues ...