L'INCOMPRIS

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Deux petits garçons, deux frères, apprennent la mort de leur mère. L’aîné semble indifférent et le père souhaite protéger le petit. Mais le monde s’écroule pour le grand qui ne sait pas montrer sa peine.

L’incompris est un grand film sur les jardins de la mort et les mystères du deuil. Il est sorti en 1966 et signé de Luigi Comencini, un des plus grands cinéastes de la vague italienne de l’après-guerre.

Outre le bouleversant Sefano Colagrande, 10 ans à l’époque, et dont ce sera l’unique rôle, on se régale à découvrir dans la peau du papa l’acteur britannique Anthony Quayle. Voici un film sur la solitude, un film sur l’enfance, préparez vos mouchoirs.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver POIL DE CAROTTE DE JULIEN DUVIVIER (1932) (D'après le roman de Jules Renard une très belle adaptation signée Duvivier, sur les souffrances d'un enfant mal aimé, brutalisé ou ignoré par sa famille. Là aussi l'indifférence du père provient d'un malentendu viril, d'une méconnaissance de la personnalité introvertie du fils.) ou encore THE KID DE CHARLIE CHAPLIN (1921) (C'est un peu un contexte inversé: le Kid est à la rue, pauvre et mendiant. Mais il est aussi orphelin, en proie à la solitude et heureusement couvé par un tonton d'occasion, le sentimental Charlot. Le film fondateur sur l'observation de l'enfance, sa rouerie, son innocence aussi, et son besoin éperdu d'amour.).

L’incompris commence par être un film incompris. Il est accueilli fraîchement au festival de Cannes 1967 et méprisé à sa sortie en 1968. Un phénomène inouï de déni, comme une duplication de son propre sujet. Depuis, il est considéré comme le chef-d’oeuvre de Luigi Comencini. On y associe généralement, comme par mauvaise conscience, la formulation de « Luigi Comencini, le cinéaste de l’enfance ». Il est vrai qu’avec « Des nouveaux hommes sont nés », « Casanova, un adolescent à Venise », « Les aventures de Pinocchio » ou « Eugenio », le maître s’est beaucoup penché sur les souffrances des jouvenceaux.

David Niven avait été pressenti pour jouer le père, il avait la prestance requise pour jouer le consul de Grande-Bretagne à Florence. Anthony Quayle a aussi le self control requis, lui qui joue en anglais et sera doublé dans la version originale. On précisera que pour la scène finale le jeune acteur s’est refusé ou n’a pas su pleurer et qu’on a dû lui rajouter des larmes de glycérine. Quoiqu’il en soit, ce mélodrame a suscité quelques folles théories chez certains spectateurs, celle du suicide de l’enfant notamment, ou encore celle du meurtre par manipulation du petit frère.

Quoiqu’il en soit, Comencini avait qualifié le roman dont il s’est inspiré de « machine à faire pleurer ». Le livre signé de Florence Montgomery, publié en 1968, avait en effet ravagé les chaumières. Le film n’est pas en reste qui s’appuie sur l’adagio du concerto pour piano en la majeur de Mozart, une des plus belles musiques de l’univers. En 1983 l’américain Jerry Schatzberg, le cinéaste de « L’épouvantail », en fera un remake intitulé tout simplement « Misunderstood » avec Gene Hackman. L’Incompris sert d’audaciomètre: même les coeurs secs s’effondrent en sanglot devant la scène finale.

A sa sortie en 1968, L'Incompris avait été acerbement fustigé, très mal reçu lors de sa présentation à Cannes où il s'était froidement vu attribuer le qualificatif de "film tire-larmes". Oui, L'incompris est une oeuvre qui dérange, car elle remet en cause la validité ...

Difficile de trouver des mots pour parler d'un tel film. Aucun argument ne semble avoir de valeur face à ce chef-d'œuvre. Ce film a ce qu'il faut d'inexplicable pour être placé sur un piédestal et rester à jamais dans votre panthéon personnel : inatteignable dans sa catégorie. ...

Une accusation pour commencer : Luigi Comencini est un sadique, un tortionnaire, peut-être un agent à la solde des fabricants de mouchoirs et de Kleenex. Il parviendrait à liquéfier le plus sec de tous les spectateurs. A posteriori, le titre de ce déchirant crève-cœur revêt ...