LA RANÇON DE LA GLOIRE

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On sait que les archives de la police en recèlent de vertes et de pas mûres en terme d’affaire bizarres. Vol de diamants inestimables, tableaux réapparus des décennies après leurs disparition, usurpation d’identité, mais le dossier au cœur du film de Xavier Beauvois qui va suivre est un monument du genre.

Souvenez-vous : en 1977, au moment de Noël, Charlie Chaplin éteint définitivement les lumières de la rampe (Limelight) et quitte la scène, en sa demeure des bords du lac Léman en Suisse. Quelques mois plus tard, stupeur et horreur, le cercueil de "Charlot" est déterré et volé. Des malfaiteurs réclament alors une rançon pour rendre la célèbre dépouille... Ils seront arrêtés quelques semaines plus tard, au terme d’une enquête grandement facilitée par leurs bourdes d’amateurs.

Roschdy Zem et Benoit Poelvoorde incarnent ces Pieds-Nickelés modernes, dans un film attachant et cruel, qui balance entre comédie, polar et une certaine dose de surréalisme...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CADAVRES A LA PELLE (Un corps tout juste décédé, ça peut toujours rapporter gros ! Partant de ce principe discutable, Xavier Beauvois et John Landis signent deux comédies morbides) ou encore NO PAIN NO GAIN (Avoir une idée "brillante" ne suffit pas pour réussir une escroquerie : il faut aussi en maîtriser tout le processus... Les duos Zem-Poelvoorde et Wahlberg-Johnson vont le découvrir à leurs dépens !).

Le personnage de Chaplin était tout destiné à devenir un héros de cinéma. Revoir ses films, des plus courts à ses plus grands classiques comme Les temps modernes, Le dictateur La ruée vers l’or, c’est comprendre combien ce génie avait avant tout le monde compris que faire rire ou émouvoir ses contemporain, c’était aussi et même surtout jouer avec leurs défauts, leurs peurs et ce petit quelque chose qui mérite, in fine, de les sauver !

En 1982, le Chaplin de Richard Attenborough retrace la vie et l’œuvre du comédien-réalisateur-auteur-producteur, de sa plus tendre enfance à sa mort et révèle au passage un immense comédien, Robert Downey Jr. Moins connu Un parfum de meurtre signé Peter Bogdanovich reconstituait un célèbre fait divers, le meurtre sur un yatch du réalisateur Thomas Ince auquel Chaplin fut plus ou moins mêlé. Xavier Beauvois lui s’est attelé à la dernière facétie du destin hors-normes de Chaplin : le vol de son cercueil au lendemain de sa mort. L’affaire avait fait les gros titres de la presse et, vous l’avez vu, La rançon de la gloire, se concentre principalement sur les deux bras-cassés qui s’étaient mis en tête d’obtenir une fortune de la dépouille de la star. Le tandem Zem-Poelvoorde insuffle ce qu’il faut de tendresse et de désespoir pour que l’on s’attache à des personnages qui, dans la vraie vie, étaient beaucoup moins sympathique.

Les scènes de cirque, (une des disciplines artistiques qu’adorait Chaplin), ajoutent une touche poétique à ce polar-social, signé par un metteur en scène qui prend un malin plaisir à n’être jamais là où on l’attend. Rien de commun en apparence entre Nord, son premier film sur l’implosion d’une famille, Le petit lieutenant, rude apprentissage d’un jeune officier de la PJ ou Des hommes et des dieux, magnifique évocation des moines français de Tibhirine, un des événements du festival de Cannes 2010, Grand Prix du jury cette année-là... Rien, si ce n’est ce goût du réalisateur pour l’élément le moins contrôlable de l’existence : le facteur humain. Ses errances, ses tourments, ses erreurs, ses passions : matériau de choix pour un cinéaste qui revendique sa versatilité et sa fragilité...

Difficile de changer de registre sans déplaire au microcosme dont vous bousculez de ce fait la passion pour l'étiquetage. Le dernier "Xavier Beauvois" ne correspond pas au code barre... Quelle volée de bois vert ! Ici comme dans la Presse dite "spécialisée", puisqu'il semble ...