LE BALAFRÉ

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Un petit malfrat, John Muller, sort de prison et reprend contact avec son gang. Il a un coup en vue, dévaliser le tripot d’un redoutable gangster et empocher 200 000 dollars. Le hold-up est particulièrement bien monté et le coup réussit… presque. Ses complices sont abattus à l’exception de celui avec lequel il est parvenu à s’enfuir. Les deux hommes savent maintenant que le propriétaire du tripot ne les lâchera plus. D’ailleurs, John Muller apprend peu de temps après que son acolyte qui était parti se planquer au Mexique a été abattu à son tour là-bas. Muller réalise que le monde est trop petit pour se cacher. C’est alors qu’il apprend qu’il a un sosie en ville qui lui ressemble trait pour trait et qui est psychanalyste, le Dr. Bartok. Muller va éliminer son sosie et prendre l’identité du respectable Dr. Bartok. Mais cette nouvelle identité est-elle la cachette idéale ? Le Dr. Bartok n’aurait-il pas, lui aussi, des ennemis puissants et déterminés ?
Ce petit polar américain qui date de 1948 est produit par Paul Henreid, l’acteur qui incarne Muller et Bartok. Le sujet n’aurait certainement pas déplu au grand Hitchcock pour qui, quelques années plus tard, Henreid devait réaliser près de 28 épisodes de Alfred Hitchcock présente pour la télévision. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PLEIN SOLEIL (1960 - RENÉ CLÉMENT) ou encore COPIE CONFORME (1946 - JEAN DRÉVILLE) .

Paul Henreid est né, excusez du peu, Paul Georg Julius Hernreid Ritter Von Wassel-Waldingau à Trieste, à l’époque en Autriche-Hongrie, aujourd’hui en Italie. Ce fils d’aristocrate (son père est baron) grandit à Vienne où il fait des études d’art graphique. Après cela il travaille comme maquettiste dans une maison d’édition sous la direction d’Otto Preminger. Mordu de théâtre, il suit, la nuit, des cours de comédie. C’est grâce à son amitié avec Preminger qui reconnaît son talent d’acteur qu’il débute en 1933 dans Faust au Reinhardt Theater. Après plusieurs performances remarquées, Henreid décide de fuir le nazisme et se retrouve à Londres où il parvient à décrocher quelques rôles sur scène.
Ses vrais débuts au cinéma datent de 1939 où dans Goodbye Mr. Chips de Sam Wood il incarne Herr Staefel le professeur d’allemand. Comme son personnage  de Viktor Laszlo qui le rendra célèbre dans Casablanca de Michael Curtiz, Paul Henreid est viscéralement antinazi. Cela ne l’empêche pas de jouer les officiers de l’armée du troisième Reich dans des films comme Train de nuit pour Munich de Carol Reed ou dans An Englishman’s home de Albert de Courville en 1940. Il émigre ensuite aux Etats Unis et décroche un contrat à la RKO. On lui offre alors des rôles éloignés des stéréotypes teutons qu’on lui proposait jusqu’alors. Il devient le héros romantique de films comme Joan of Paris de Robert Stevenson, pas le père du Dr. Jekyll, le réalisateur anglais, où il joue un pilote de la R.A.F. qui tombe amoureux de Michèle Morgan. Il incarne un architecte amoureux de Bette Davis dans Now voyager, en français : Une femme cherche son destin, célèbre mélo d’Irving Rapper qu’il tourne en 1942. C’est la même année qu’il retrouve Ingrid Bergman et Humphrey Bogart pour le mythique Casablanca. Sa carrière commence à décoller mais hélas, son opposition avouée pour le Maccarthysme lui vaut d’être blacklisté et son étoile commence à pâlir. C’est grâce à la réalisation qu’il va entamer une deuxième carrière principalement à la télévision en dirigeant des épisodes de Bonanza, Le Virginien, Johnny Staccato et surtout, Alfred Hitchcock présente.

Clairement, le scénario souffre de quelques incohérences légèrement regrettables. C'est toutefois le défaut majeur de cette étonnante série B souvent passionnante et d'une nervosité exemplaire. Rare de voir en effet un héros à la fois aussi antipathique et fascinant, ...